Les Etats-Unis pourraient engranger 2000 milliards grâce à leur réforme fiscale
Fiscalité
Le «Tax Bill» mis en œuvre par l’administration de Donald Trump va générer des rapatriements massifs de capitaux et impacter la Suisse, prévient la Cnuced

Dans une édition spéciale de son Global Investment Monitor publiée lundi, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) estime que la réforme fiscale américaine menée par l’administration Trump pourrait avoir un impact considérable. Des 3200 milliards de bénéfices détenus à l’étranger par des sociétés américaines, 2000 milliards pourraient être rapatriés aux Etats-Unis.
En comparaison, la réforme fiscale de l’administration Bush en 2005 avait permis de rapatrier quelque 300 milliards de dollars. Cet afflux massif de capitaux aux Etats-Unis, explique le rapport, pourrait influencer le niveau du dollar. La déduction fiscale de 30% possible sur les investissements réalisés aux Etats-Unis va aussi encourager les sociétés actives dans des secteurs à forts besoins en capitaux à investir en Amérique.
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L’économie américaine devrait en profiter surtout par le biais de quelques grandes multinationales comme Apple, Microsoft, Cisco, Alphabet et Oracle, qui détiennent à elles seules plus de 530 milliards de dollars de liquidités à l’étranger. Les investissements étrangers de l’Amérique pourraient chuter de 6400 milliards à 4500 milliards de dollars.
Un classement des victimes
Les rapatriements outre-Atlantique ne seront taxés qu’à hauteur de 15,5% pour le liquide et à 8% pour les actifs réels. Selon la Cnuced, il est peu probable que les bénéfices maintenus dans des pays en voie de développement soient rapatriés, car ils ont surtout été investis dans des actifs productifs et non liquides.
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Comme les taux d’imposition des entreprises passent aux Etats-Unis de 35% à 21%, les Etats-Unis concurrencent désormais les Européens (taux moyen de 22%). Les pays susceptibles d’être les plus touchés par un rapatriement des bénéfices sont dans l’ordre les Pays-Bas (15,9% du total des investissements étrangers directs américains), le Royaume-Uni (12,8%), le Luxembourg (11,4%), l’Irlande (7,3%), mais aussi les Bermudes (5,4%), les îles Vierges britanniques (5%) et enfin la Suisse (3,2%). La réforme fiscale, conclut la Cnuced, pourrait provoquer une forte concurrence fiscale globale.