Il n’y aura pas de rétropédalage. La pression nationale et internationale exercée sur l’administration Trump pour qu’elle renonce à imposer des droits de douane punitifs sur l’acier et l’aluminium importés n’a pas obtenu le résultat escompté. En effet, la Maison-Blanche ira de l’avant et donnera les détails des mesures de sauvegarde à la fin de la semaine. Lors d’un point de presse mercredi, la porte-parole du gouvernement américain est restée évasive sur la date précise de leur mise en œuvre ou encore sur les pays qui seront visés par Washington.

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Autre signe qui ne trompe pas: la démission de Gary Cohn mardi soir. Le principal conseiller économique à la Maison-Blanche n’a pas réussi à convaincre son patron de renoncer aux mesures protectionnistes. Selon les médias américains, Gary Cohn n’a même pas été consulté avant que Donald Trump ne twitte jeudi dernier son intention de taxer l’acier et l’aluminium étrangers.

Ouverture au dialogue

Ainsi, Donald Trump fait durer le suspense. Soit. L’Union européenne (UE) a de son côté annoncé officiellement mercredi qu’elle était prête à se battre contre les éventuelles surtaxes américaines tout en se disant ouverte à un dialogue en vue d’éviter l’escalade. «Il n’y a pas de gagnants dans une guerre commerciale, a plaidé Cecilia Malmström, commissaire européenne au Commerce. Une telle guerre nuirait aux relations transatlantiques.»

Tout en souhaitant que les exportateurs européens soient épargnés par les éventuelles mesures américaines, Cecilia Malmström a indiqué que l’UE était quasiment prête à riposter. La liste de produits américains qui subiraient à leur tour des surtaxes dans les douanes européennes est en consultation dans les Etats membres. Les produits en acier et en aluminium ainsi que des produits emblématiques comme le jus d’orange, les jeans, les motos Harley Davidson ou le beurre de cacahuètes, pour une valeur totale de 3 milliards de francs, sont concernés.

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«Si les Etats-Unis vont de l’avant, nous soumettrons immédiatement le cas au tribunal d’arbitrage de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a encore poursuivi la commissaire au Commerce. Les exportations d’acier européen sont de haute qualité et ne peuvent pas représenter de menace à la sécurité des Etats-Unis comme veut le faire croire Washington.» Les Européens exportent pour environ 5 milliards d’euros d’acier et 1 milliard d’euros d’aluminium chaque année aux Etats-Unis.

La Suisse s’inquiète

Selon l’UE, il y a effectivement un problème de surcapacité dans la production mondiale de l’acier. «Sur ce dossier, nous sommes les alliés des Américains et voulons trouver une solution ensemble», a dit Cecilia Malmström. C’est la Chine, premier producteur mondial, qui est pointée du doigt, d’autant plus que Pékin subventionne ses aciéries.

En attendant la confirmation et les détails des mesures américaines, les mises en garde contre une éventuelle guerre commerciale ne s’arrêtent pas. Mercredi, le chef négociateur suisse à l’OMC, Didier Chambovey, a fait part de sa préoccupation sur ces possibles restrictions commerciales et sur les conséquences «pour le commerce international et le système multilatéral». «La Suisse enjoint aux Etats-Unis de garantir des mesures conformes aux règles de l’OMC pour éviter que les tensions actuelles ne contribuent à une crise plus importante», a-t-il déclaré en marge d’une réunion à Genève.