Face aux taux hypothécaires, les propriétaires dans l’expectative
Immobilier
AbonnéLe nouveau resserrement monétaire de la Banque nationale suisse va renchérir le coût des hypothèques. Les propriétaires sont inquiets

En 2022, les taux hypothécaires ont connu essentiellement une tendance: la hausse. Entre le début et la fin de l’année, les hypothèques à taux fixe sur dix ans ont progressé d’environ 1,5 point de pourcentage, selon le comparateur en ligne Comparis. Les fluctuations ont été relativement importantes, les taux oscillant dans une fourchette comprise entre 1,15% et 3,25%.
Depuis la mi-octobre, le marché s’est détendu, les taux indicatifs avoisinant actuellement 2,6%. La pression inflationniste a diminué, selon les experts. Comment évolueront-ils l’an prochain? «Il faut s’attendre à une nouvelle hausse des taux d’intérêt à long terme en 2023. La volatilité sera toutefois moins élevée», anticipe Leo Hug, expert argent chez Comparis. Pour les hypothèques à taux fixe sur dix ans, la fourchette de fluctuation est attendue entre 2,8% et 3,3%.
Le marché des hypothèques à taux fixe tient compte de l’évolution économique attendue et des décisions de la Banque nationale, rappelle Benjamin Manz, directeur du site Moneyland.ch. «Le plus probable est une évolution constante ou une légère hausse», estime-t-il.
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Propriétaires pessimistes
Reste que les propriétaires se montrent pessimistes. Selon un sondage de Comparis réalisé en novembre auprès de 1047 personnes, 31,5% d’entre elles s’attendent à une forte hausse des taux hypothécaires en 2023, tandis que 51,6% prévoient une légère hausse. De plus, une part considérable des propriétaires perçoit les prévisions de hausse des taux comme une réelle menace existentielle: 5,1% déclarent être très inquiets et 19,9% se disent plutôt inquiets de ne plus pouvoir honorer leur hypothèque.
A court terme, les détenteurs d’hypothèques à taux variables Saron sont les premiers touchés par le nouveau resserrement monétaire. Historiquement, les emprunts basés sur le marché monétaire ont toujours été plus avantageux que les taux fixes. Le Saron, qui a succédé au Libor, suit étroitement le taux directeur de la Banque nationale, qui est désormais de 1%. A ce taux de base, les banques ajoutent une marge, dont le montant dépend de la solvabilité du client. Le retour de la BNS en territoire positif a changé la donne. «A 1,8% les hypothèques à taux Saron resteront encore plus avantageuses que celles à taux fixe qui oscillent entre 2,2 et 2,8%», relève Roland Bron, directeur pour la Suisse romande de VZ (VermögensZentrum).
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Proche du pic
Cette année, Raiffeisen, premier fournisseur d’hypothèques du pays, a constaté une véritable ruée sur le Saron. «En 2021, on payait en moyenne à peine 30 points de base de plus pour une hypothèque fixe sur dix ans que pour une hypothèque Saron. Le retournement des taux a fait grimper cette différence à plus de 200 points de base à la mi-septembre 2022, ce qui explique la forte demande d’hypothèques Saron», explique Martin Tschopp, directeur du portail immobilier MoneyPark.
Malgré le resserrement monétaire de la BNS, Roland Bron continue de recommander de financer son emprunt, au moins partiellement, avec le Saron. «L’inflation est clairement en train de diminuer. Nous partons du principe que nous sommes proches du pic du taux directeur de la BNS.» Chaque détenteur d’une hypothèque Saron devrait revoir sa stratégie en 2023, considère au contraire Martin Tschopp. «Au vu des taux actuels, nous considérons que le Saron n’est de toute façon la bonne solution que pour les emprunteurs hypothécaires très enclins à prendre des risques», estime-t-il.
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