Le Temps: Merck Serono dispose d’un petit centre de recherche en voie d’extension en Israël, mais a fermé ses vastes installations et équipements scientifiques à Genève. Quelle est la logique de cette stratégie?
Stefan Oschmann: Je tiens d’abord à rappeler que le groupe détient toujours de nombreux investissements en Suisse, en particulier les installations de production biotechnologique situées au-dessus de Vevey et à Aubonne. Plusieurs jeunes sociétés ont également été créées grâce au fonds mis à disposition dans le contexte de la fermeture du site de Genève. Nous avons en outre plusieurs collaborations scientifiques en Suisse et sommes ouverts à d’autres sur le même modèle que celles développées en Israël.
– Que manque-t-il à la Suisse dans ce domaine?
– Israël, comme Singapour d’ailleurs, a mis en place une politique d’innovation et des structures de transfert de technologie très efficaces. En Israël, organisations gouvernementales et universités réputées travaillent ensemble pour répondre aux besoins d’une entreprise comme la nôtre, toujours à la recherche d’innovation dans les sciences de la vie. Ce n’est pas forcément le cas en Suisse.
– Finalement, vous n’avez pas de regrets d’avoir quitté Genève, qui constituait l’un des principaux pôles administratifs et de recherche de Merck Serono…
– Détrompez-vous. Je regrette à plusieurs égards que l’entreprise ait dû quitter Genève, un endroit formidable que j’apprécie et où je me rends encore souvent. Mais nous n’avions pas le choix.
– Pourquoi?
– Je m’en suis souvent expliqué. Il fallait absolument consolider l’entreprise car nous étions confrontés à de gros obstacles dus à la redondance de très nombreux services et fonctions entre Darmstadt, siège principal de la société, et Genève. Il fallait choisir entre les deux, et nous avons dû prendre la pénible décision de fermer Genève. Cela n’a pas provoqué de flottement dans la marche des affaires du groupe, et la grande majorité des employés sont parvenus à retrouver un emploi. La fermeture a évidemment provoqué des problèmes, mais je pense qu’entre-temps le balancier est reparti dans la bonne direction avec la création du Campus Biotech.
– Ne regrettez-vous pas d’avoir dû vendre à bas prix un bâtiment que vous aviez acheté à la même personne, en l’occurrence Ernesto Bertarelli, au prix fort quelques années auparavant?
– Ces deux opérations ne sont pas comparables. A l’époque, Merck a acheté une entreprise entière. Ce fut une excellente décision qui a porté ses fruits. Je le dis sans arrière-pensée. Seul un bâtiment a été revendu.
– Le groupe pharmaceutique Shire va quitter l’Arc lémanique. C’est un nouveau coup dur. Avez-vous un avis à ce propos?
– Je n’ai pas de commentaires à faire sur un dossier que je ne connais pas.
– Merck se lance dans un nouveau domaine, celui des biosimilaires, en concurrence directe avec Sandoz, filiale de Novartis. Pourquoi?
– Nous avons accumulé, sur le site de Vevey, de l’expérience dans la fabrication de médicaments issus de la biotechnologie, et Merck dispose d’un vaste réseau mondial de commercialisation. Je pense donc que nous sommes en bonne position pour avoir du succès sur ce marché.
– Songez-vous à produire un biosimilaire de Rebif, votre principal médicament contre la sclérose en plaques?
– Je ne peux pas l’exclure, mais il n’y a pas de projet en cours dans ce sens.