Le cours du ripple est tombé à 2,20 dollars mardi matin (-11% par rapport à lundi), soit environ 40% au-dessous de ses sommets de la semaine dernière.

Cette cryptomonnaie qui vise à créer un nouveau système de transferts bancaires transfrontaliers et se distingue du bitcoin par son organisation centralisée était devenue la semaine dernière la deuxième plus grande cryptomonnaie derrière le bitcoin en termes de capitalisation boursière. Sa hausse avait permis à son fondateur, Chris Larsen, de devenir, sur le papier, l’homme le plus riche du monde.

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Avec 90 milliards de dollars de capitalisation mardi matin, elle est passée derrière Ethereum avec ses 120 milliards de dollars, tandis que le bitcoin domine toujours avec 260 milliards.
Un tel plongeon du ripple fait immédiatement penser à l’éclatement d’une bulle spéculative.

Un ajustement du calcul des cours

Pourtant la baisse de ce mardi est artificielle dans la mesure où elle résulte de la décision de CoinMarketCap.com, une des plus grandes plateformes de transactions en cryptomonnaies, de ne plus prendre en compte dans son calcul de prix les cours du marché sud-coréen (Bithumb). On assiste donc à une sorte de faux krach. La baisse du cours a rendu nerveux plusieurs investisseurs et une certaine panique s’est installée. «Regardez attentivement les données et ne vous laissez pas tromper», avertit David Schwartz, chef cryptographe chez Ripple.

«Les investisseurs sud-coréens sont particulièrement gourmands de ripple et l’achètent sur Bithumb avec une prime significative pouvant atteindre 1 dollar par moments, soit presque 20%», explique Yann Quelenn, analyste en cryptomonnaies auprès de Swissquote.

Cette forte différence de cours crée naturellement des opportunités d’arbitrage entre les plateformes, si l’on sait que les frais de transaction sont de 0,5 à 1% et les frais de transfert également d’environ 1%. L’opération d’arbitrage ne peut pas être comparée à celle que l’on rencontre dans les actions, où l’achat puis la vente peuvent être quasi immédiats. Sur le ripple, la vérification du transfert par les plateformes de négoce (exchanges) peut durer jusqu’à quatre heures, explique l’analyste.

Toutefois, le site spécialisé CCN.com estime que la plateforme sud-coréenne, la deuxième plus grande du monde avec un volume d’affaires quotidien de 2,6 milliards de dollars, est difficile d’accès et réservée aux investisseurs locaux.

Prises de bénéfices

Yann Quelenn demeure «prudent» à l’égard du ripple. «La baisse de mardi ainsi que des derniers jours, comme celles qu’ont connues le bitcoin et la plupart des autres cryptomonnaies à l’exception de l’ether, est un phénomène à qualifier de sain après la forte hausse de l’année passée», déclare-t-il. Ce n’est donc pas la fin des cryptomonnaies que de nombreux observateurs appellent de leurs vœux, mais des prises de bénéfices normales.

Le bitcoin s’est calmé depuis plusieurs jours et se traite à 14 975 dollars mardi matin. Après les 20 000 dollars de la mi-décembre, le leader des cryptomonnaies poursuit sa consolidation.

De manière générale, l’intérêt pour les cryptomonnaies autres que le bitcoin se confirme. La part du bitcoin est de 46% selon Bitinfocharts.com, alors que le volume total des cryptomonnaies s’élève à 770 milliards de dollars. Mais en termes de transactions ces dernières 24 heures, le bitcoin ne représente que 11% de l'ensemble, derrière Ethereum (40%) et Ripple (37%).

Les hedge funds vendent et les «petits» achètent

L’introduction des futures (opérations à terme) sur les bitcoins a permis à des investisseurs institutionnels de proposer des produits financiers à haut rendement (et risque élevé) et d’utiliser les futures pour se couvrir contre une baisse, ajoute l’analyste de Swissquote.

Les volumes d’affaires sont relativement modestes selon JPMorgan, entre 50 et 60 millions de dollars par jour et par marché sur le CBOE et le CME.

Ces montants sont à comparer aux 260 milliards du marché bitcoin. Les hedge funds parieraient à la baisse sur le bitcoin tandis que les petits investisseurs achètent, selon le Wall Street Journal et Zerohedge.com, lesquels s’appuient sur la publication du détail des positions publiées auprès des autorités de bourse.