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Femme, 32 ans, et patron du groupe zurichois Katadyn

Trix Ammann est à la tête du leader mondial de la purification de l'eau pour les privés.

«J'ai toujours voulu être chef, même lorsque j'étais apprentie, employée au sol dans un bureau de Swissair à Strasbourg. Je voulais définir moi-même mon travail».

Trix Ammann atteint cet objectif cette année, à 32 ans, dans un groupe de 80 employés et de 33 millions de francs de chiffre d'affaires. Un groupe de plus de 50 ans, connu des adeptes de randonnée, de camping, des militaires et ONG dans les pays en développement. Katadyn offre en effet des produits de traitement des eaux, de purification (les pilules Micropur) et de dessalement.

Une jeune femme à la tête d'un groupe suisse. L'événement est doublement rare. «En fait j'ai raté mon objectif de deux ans», assure-t-elle, ajoutant que l'entreprise et elle-même profitent de l'écho qui entoure sa nomination. J'espère qu'elle incitera d'autres femmes à suivre cette voie.» Un salaire égal à un CEO masculin? «Oui certainement.» Elle détient également une partie du capital et profite des bons résultats à travers les dividendes versés.

L'ascension au sommet s'accompagne de différents changements. Mais ils ne sont spécifiques ni à l'âge ni au sexe: davantage de tâches à déléguer, davantage de travail de communication.

Trix Ammann a passé son enfance dans la région zurichoise, près de l'aéroport. «Je passais devant Katadyn pour faire mes courses avec mes parents», précise-t-elle. Mais qu'on n'imagine pas un seul instant qu'elle soit casanière. Périples, voyages, aventures, trekking, ce sont les mots qui la motivent. A 21 ans, elle passait son brevet de pilote aux Etats-Unis et n'a cessé de traverser les mers par la suite. Mais c'est à Strasbourg qu'elle comprend que pour gravir les échelons et réaliser ses rêves, elle doit changer d'air. Sa force de propositions s'exprimerait mieux sous d'autres cieux que ceux d'un groupe de 20000 employés.

A 22 ans, elle étudie le marketing à l'Université de Berkeley. C'est à cet instant, en Amérique, qu'elle rencontre Katadyn, à travers une offre d'emploi dans un magazine, pour un poste d'assistante en marketing en Arizona. «Ainsi j'ai appris à vendre des filtres plutôt qu'à voyager», déclare-t-elle à la HandelsZeitung. Mais l'entreprise lui plaît, «si intimement liée aux voyages, à ceux qui s'éloignent de la civilisation et ne dépendent plus que d'eux-mêmes.» La soif d'aventure ne l'abandonnera pas de sitôt. Le CEO et propriétaire de Katadyn, Adrian Schmassmann, qui avait repris l'entreprise à travers un management buyout, est rapidement intéressé par les idées de la Zurichoise. Elle entre alors au siège, à Wallisellen. Et lorsque le CEO prépare sa succession et un changement de génération, il fait immédiatement appel à Trix Ammann. Pourquoi elle? «Sans doute parce que mes connaissances sont plus stratégiques (marketing et développement de produits) que commerciales ou purement financières.»

Elle voyagera dans le cadre de ses fonctions, par exemple aux foires des spécialistes du caravaning, des sports de plein air ou des rendez-vous militaires. Les troupes spéciales des armées ont besoin de subvenir seuls à leurs besoins en eau et en nourriture. L'armée américaine, pour ses canots de survie, fait pleinement confiance au groupe suisse, ainsi que l'armée suisse, dans ses opérations à l'étranger, et le corps suisse d'aide en cas de catastrophe.

Trix Ammann sera-t-elle encore 30 ans CEO de Katadyn? Elle sourit. «Je veux encore réaliser un autre rêve: pilote de brousse.»

Pour l'heure, son défi à la tête de Katadyn consiste à croître sans acquisition, à un rythme d'environ 10% par an. Mais le rythme est forcément irrégulier. «Nous sommes tributaires de grosses commandes, par exemple des armées ou d'événements majeurs, tels que le tsunami». Dans le segment de la clicentèle individuelle, il s'agit de croître à travers le réseau de distribution, les magasins d'accessoires pour les bateaux, les spécialistes du trekking ou de camping. Autre créneau, en Asie Katadyn vend les composants des appareils de traitement à un partenaire local.

Dans cet environnement, Katadyn a décidé de se profiler sur plusieurs créneaux très spécialisés. Cette stratégie lui assure de solides bénéfices, avec une marge de 15% (avant intérêts et amortissements: marge EBITDA). D'ailleurs ce résultat d'exploitation sert de base à la participation au bénéfice que reçoit chaque employé. En 2005, le montant s'élève à 5000 francs par salarié. Un geste naturellement très apprécié.

«Une marge de 15%, c'est un bon résultat pour une entreprise industrielle qui produit exclusivement à Zurich», ajoute la CEO. Pour Katadyn, le site de production local est aussi un avantage, fort de l'image du «swiss made». Ce choix de production implique l'adoption sans compromis de toutes les méthodes d'accroissement de l'efficience, à commencer par le «Toyota manufacturing system». C'est le zéro gaspillage et le stockage minimal. Mais à l'avenir, Trix Ammann ira plus loin. Elle pense créer un nouveau centre de production, encore plus efficient.