égalité
Alors que le Conseil fédéral passe ce mercredi à trois femmes pour quatre hommes, les femmes ne sont, pour l’heure, que 17% dans les conseils d’administration et 9% dans les directions. Un projet de Simonetta Sommaruga introduirait de modestes quotas

Si les femmes restent minoritaires en politique, elles sont encore plus rares au sommet des entreprises. L’une des dernières études sur les plus grandes entreprises cotées en bourse, publiée en septembre par Actares, montrait qu’elles représentaient encore un peu moins du quart des conseils d’administration. Un pourcentage qui stagne, «bien que les candidatures féminines à de nouveaux postes soient souvent en nombre égal à celui des hommes», regrettait cette association d’actionnaires.
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De fait, ce qui existe pour les plus grandes – Actares s’est focalisée sur les 20 entreprises de l’indice phare de la bourse suisse, le SMI – existe partout ailleurs, et même dans des proportions encore pires. Une autre étude, publiée en mars par le cabinet de chasseurs de têtes Guido Schilling, concernant les 100 plus grandes sociétés du pays, soulignait que le pourcentage d’administratrices atteignait 17% – il tombe à 4% si on prend les présidentes de conseil d’administration.
L’écart est plus frappant encore dans les directions de ces entreprises, où les décideurs sont plus que neuf fois sur dix des hommes. Seulement 4% des entreprises ont une femme à leur tête. Cinquante-sept groupes comptaient même aucune femme dans leur direction générale.
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Dans le paysage helvétique, Jasmin Staiblin détonne. Elle est l’une des seules femmes à diriger une grande entreprise, en l’occurrence Alpiq.
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Plus un débat gauche-droite
C’est dans ce contexte que Simonetta Sommaruga a amené son projet de «quotas». Avec guillemets parce que, contrairement à ce qu’implique ce terme, il s’agit pour les entreprises de «valeurs indicatives» à atteindre: 30% dans les conseils d’administration dans un délai de cinq ans et 20% dans les directions dans un délai de dix ans. En cas d’échec, les sociétés devront s’expliquer, mais ne seront pas sanctionnées. Le projet de la conseillère fédérale en charge du Département de justice et police a obtenu l’aval du Conseil national à une voix près en juin. A l’occasion de ce vote, pratiquement toutes les femmes ont dit oui, quelle que soit leur orientation politique, montrant ainsi que l’enjeu des quotas n’est plus un débat gauche-droite. Le projet devrait s’appliquer à tous les groupes cotés en bourse; mais il doit encore être approuvé par le Conseil des Etats.
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En Europe, des pays ont fait le pas des quotas
Pourtant, la plupart des pays européens ont déjà fait le pas des vrais quotas. Qu’il s’agisse de l’Allemagne, qui oblige les conseils d’administration à compter 30% de femmes depuis 2016, de la France (40% depuis 2011), ou des pays nordiques, pionniers en la matière, beaucoup de législations sont entrées en vigueur, avec plus ou moins d’aspects contraignants ou de risques de sanctions.
Et pour ceux qui attendent encore, la Commission européenne a prévenu l’an dernier: elle veut pousser les entreprises à atteindre 40% d’administratrices. Pour toutes celles qui se trouveraient en dessous de ce pourcentage, elles devraient mettre en place des mesures de discriminations positives.