Fermeture des pistes à Crans-Montana: «Le chiffre d’affaires des prochaines années sera aussi touché»
Remontées mécaniques
Des remontées mécaniques qui ferment sans préavis et voilà que la crédibilité de toute une station en prend un coup. A Crans-Montana, les retombées économiques se ressentiront sur le long terme

L’annonce a eu l’effet d’une bombe. Olivier Sandmeier, propriétaire du restaurant Bellalui sur les pistes de Crans-Montana, raconte: «Je l’ai appris ce matin alors que je venais de recevoir toute la marchandise de la semaine. Et de reconduire d’une semaine le contrat de mes 15 employés.» A l’hôtel-restaurant Chetzeron, également situé sur le domaine skiable, Sami Lamaa, associé gérant, est plus radical: «Nous allons devoir licencier des saisonniers.»
A Crans-Montana, toutes les conditions étaient réunies pour clore la saison d’hiver en beauté. Dans la station qui a profité cette année du Magic Pass, la neige fraîche et le soleil étaient au rendez-vous pour les vacances de Pâques. Mais cela, c’était avant l’annonce, mardi, de la fermeture immédiate des remontées mécaniques de Crans-Montana Aminona SA (CMA). Son président, Philippe Magistretti, en a décidé ainsi faute d’accord avec les représentants de Crans-Montana sur la redevance annuelle versée par la commune.
L'affaire fait des remous jusqu'à Berne. Mercredi, l'Office fédéral des transports (OFT) a transmis une lettre à CMA, a révélé le «Nouvelliste» qui s'est procuré la missive. Y figure notamment un ultimatum fixé à CMA qui a jusqu'au 5 avril 17h00 pour fournir davantage d'informations sur cette fermeture «afin de clarifier si un retrait des concessions basé sur l'art. 9 de la loi sur le transport de voyageurs est nécessaire de notre part».
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A Interhome SA, qui loue des appartements de vacances, on tombe des nues. «On a pu rembourser l’un ou l’autre client. Le plus dur est de gérer leur colère, qui est légitime, relate la responsable, Lise Bruttin. L’un de nos clients de longue date a dit qu’il ne reviendrait plus.» Pour l’école de ski, «environ 10% des clients ont renoncé aux cours et se sont fait rembourser», explique Nicolas Masserey, directeur. Certains ont pu poursuivre leurs leçons à Anzère et la grande partie skie tout de même avec leurs moniteurs sur les quelques pistes laissées à disposition par la société CMA.
Perte de confiance
Passé le choc de la nouvelle, tous s’accordent: les remontées mécaniques ont pris les clients et les commerçants en otages. Si les pertes sont grandes dans l’immédiat, estime Bruno Huggler, directeur de Crans-Montana Tourisme & Congrès, ce qui le préoccupe davantage est le dégât d’image de la station et sa perte de crédibilité. «Nous allons devoir faire un investissement énorme pour regagner la confiance des clients et prouver que notre service est de qualité.»
Depuis hier, toute son équipe est sur le pied de guerre pour accompagner et renseigner les touristes. Selon lui, les vacanciers pourraient hésiter à revenir. Même conclusion à l’hôtel Chetzeron: «C’est le chiffre d’affaires des prochaines années qui est aussi touché.»
Redevance annuelle en cause
Alors que les remontées mécaniques devaient rester ouvertes jusqu’au 15 avril, la société exploitante en a décidé autrement en annonçant leur fermeture immédiate dans une lettre ouverte signée par son président, Philippe Magistretti. «En septembre 2017, les représentants de l’ACCM (Association des communes de Crans-Montana) ont négocié âprement une redevance annuelle d’un montant de 800 000 francs», précise la lettre.
Comme la commune de Crans-Montana aurait retardé sa participation, Philippe Magistretti écrit: «Nous avons pris la seule décision rationnelle qui s’impose: fermer dès aujourd’hui et sine die le domaine skiable.» Les communes se sont, elles, étonnées de ce choix alors qu’un groupe de travail venait justement d’être créé pour mieux collaborer.
Et cela tombe d’autant plus mal que la station doit accueillir les épreuves de ski alpin de la candidature olymypique Sion 2026.
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