Des activités présumées de «blanchiment d’argent aggravé» et «d’escroquerie». Des «faux dans les titres». Mais aussi «l’appropriation présumée illicite d’une des plus importantes sociétés énergétiques de République tchèque». L’accusation déposée la semaine dernière par le Ministère public de la Confédération (MPC) auprès du Tribunal pénal fédéral à Bellinzone vise sept personnes.

Cette affaire a conduit à la saisie conservatoire – annoncée lundi – d’une centaine de comptes bancaires suisses, sur lesquels était déposé l’équivalent de 600 millions de francs. Contacté, le Ministère public ne donne pas davantage de précisions sur les personnes impliquées.

Six ans d’enquête délicate

Cette décision est le fruit de six ans «d’enquête internationale financière complexe», explique Berne dans un communiqué. Ces recherches ont suivi l’ouverture d’une procédure pénale en 2005 contre les dirigeants de Mostecká Uhelná Společnost (MUS), géant du charbon tchèque démantelé et réorganisé en 2008 au sein du Czech Coal Group, qui emploie aujourd’hui 5500 personnes. Basé à Most (nord du pays), MUS figurait parmi les plus gros combinats à l’époque du rideau de fer. Privatisé en 1995, il exploite les plus importants gisements de houille du pays.

Structure complexe

Le Ministère public reproche aux dirigeants de MUS – et à leurs associés – d’avoir mis en place une structure de sociétés «particulièrement complexe», afin de «détourner à des fins privées des avoirs» du groupe.

But de ces manœuvres datant de 1998 à 2005? Disposer des fonds devant leur permettre de devenir propriétaires du groupe. Sans débourser un centime. En dépit de ces soupçons, le groupe MUS – ou l’entité dont il fait aujourd’hui partie – ne se serait pas porté partie civile.

En révélant cette affaire en 2009, la NZZ am Sonntag précisait de son côté que, parmi les sept personnes poursuivies, six étaient Tchèques – l’une résidait alors à Fribourg – et une de nationalité belge.

Au-delà d’une possible appropriation illégale du groupe MUS, le journal alémanique rapportait alors des désaccords entre les autorités suisses et tchèques sur la poursuite de l’enquête; citant une note du Ministère public faisant état d’un manque de «volonté politique» à Prague. La NZZ évoquait en outre une possible affaire de corruption au sein des autorités tchèques. Ne souhaitant pas être citée sur cette affaire, une source proche du dossier précise qu’aucune poursuite pour corruption n’a été ouverte en République tchèque. Une enquête pour blanchiment est pourtant en cours en Suisse depuis six ans.