Corruption
Une décision du Tribunal fédéral datant du 5 octobre autorise le MPC à transmettre des documents à son pendant brésilien. Des documents qui ont déjà conduit à l’arrestation de nombreux Brésiliens, dont l’ancien président du Congrès mercredi

Le procureur général du Brésil Rodrigo Janot se frotte les mains depuis plusieurs jours. Non seulement il a enfin pu faire arrêter l’ancien président de la chambre basse du parlement Eduardo Cunha mercredi à Brasília, mais il s’attend désormais à recevoir de nouveaux documents de la part de la justice suisse qui devraient lui permettre d’avancer dans ses enquêtes sur l’affaire Petrobras.
Un arrêt rendu par le Tribunal fédéral le 5 octobre dernier, et publié ce mardi, confirme en effet que le Ministère public de la Confédération (MPC) a le droit de transmettre des documents aux autorités brésiliennes dans le cadre de cet immense scandale de corruption qui ébranle le Brésil depuis près de trois ans. Il validait en ce sens une décision du Tribunal pénal fédéral datant du 10 août.
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Ces transmissions de documents à destination du Brésil étaient bloquées depuis le mois de janvier après des recours d’avocats suisses de clients brésiliens qui les considéraient comme étant illégales et abusives. A la suite de cette nouvelle décision de la plus haute instance judiciaire de Suisse, elles devraient reprendre prochainement selon nos informations.
L’exemple Eduardo Cunha
Pour la justice brésilienne, la collaboration avec le MPC est vitale. Car c’est en Suisse que des dizaines de politiciens et d’hommes d’affaires brésiliens ont caché, en grande partie, des commissions perçues en échange de juteux contrats accordés par la société pétrolière étatique Petrobras. Au mois de mars, le MPC avait indiqué avoir ouvert plus de 60 enquêtes pénales et fait bloquer 800 millions de dollars dans le cadre de cette affaire. Plus de 1000 comptes étaient concernés dans une quarantaine d’établissements.
Pour illustrer l’importance pour le Brésil des documents bancaires qui sont aux mains du MPC aujourd’hui, le cas d’Eduardo Cunha est emblématique. Cet ultraconservateur de 58 ans, qui était à l’origine de la procédure de destitution à l’encontre de la présidente Dilma Vana Rousseff, est accusé depuis de longs mois d’avoir touché des pots-de-vin de sociétés ayant fait affaire avec Petrobras. Une procédure avait d’ailleurs été ouverte contre lui en Suisse en avril 2015 avant qu’elle ne soit déléguée au Brésil.
Or, si Eduardo Cunha a toujours nié avoir des comptes cachés en Suisse, ce sont les documents transmis par le MPC qui ont permis de démontrer le contraire. Et conduit à son arrestation mercredi. De nouvelles arrestations pourraient donc très bien intervenir prochainement. D’autant que lui-même a promis des révélations s’il devait être arrêté.