Après le départ de son patron, Zurich Insurance cherche «un leader et entrepreneur»
Assurances
Le directeur général de Zurich Insurance, Martin Senn, va quitter à la fin de l’année la tête du groupe zurichois. Le président du conseil d’administration, Tom de Swaan, est désigné CEO par intérim avec effet immédiat. Le nouveau patron viendra de l’extérieur

Martin Senn, 59 ans, tire sa révérence, selon un communiqué de Zurich Insurance de mardi matin. Les rumeurs de départ se multipliaient ces dernières semaines. Le président de la direction de Zurich Insurance dirige le 3e groupe d’assurance européen depuis six ans, après avoir succédé à James Schiro. «Son bilan n’est pas à la hauteur des attentes et l’action Zurich est à la traîne tant par rapport aux groupes suisses qu’étrangers», écrivait «Le Temps» il y a deux semaines. La presse s’était fait l’écho d’un mandat octroyé à MWM Consulting, le même chasseur de têtes que celui qui a amené Tidjane Thiam chez Credit Suisse.
Baisse de l’action
Mardi, lors d’une conférence de presse téléphonique, Martin Senn a déclaré que le moment du départ était «très bon, car aux deux tiers du cycle stratégique de 2014 à 2016». Ainsi le nouveau leader pourra «préparer au mieux le prochain cycle de 2017 à 2021». La bourse a réagi négativement. L’action a rapidement perdu 0,9%, alors que le marché suisse était en hausse.
D’abord directeur des investissements, puis président de la direction générale, Martin Senn a péché sur deux points majeurs, la maîtrise des coûts et la croissance, selon les analystes. L’action a baissé de 13% à ce jour en 2015, «annus horribilis». Le groupe ne vaut plus que 40 milliards de francs. C’est la moitié d’Allianz, le leader en Europe, et 50% de moins qu’Axa, son dauphin. Or le groupe français est en hausse de 33% cette année. Qu’on ne s’y trompe pas! Le groupe Zurich est solide, fort d’une note AA, et son dividende, qui offre l’un des rendements les plus élevés de la cote, n’est pas en danger.
Le groupe se languissait, peinant à lui donner le dynamisme que Josef Ackermann, l’ex-patron de Deutsche Bank, aurait voulu lui donner. Comme au départ de ce dernier, c’est Tom de Swaan, président du conseil d’administration, qui le remplace.
Mauvaise performance dans l’assurance non-vie
Martin Senn démissionne après deux échecs majeurs: l’abandon du rachat du groupe britannique RSA, alors qu’il effectuait enfin un geste offensif pour investir ses fonds propres excessifs, et un incroyable dérapage du ratio combiné couronné par une chute de 79% du bénéfice au dernier trimestre. L’assurance dommages (General Insurance) concentre les problèmes du groupe, alors que les autres branches se développent comme prévu. On y trouve par exemple l’assurance de véhicules aux Etats-Unis, la responsabilité civile dans la construction aux Etats-Unis et la responsabilité civile et l’assurance d’immeubles pour les grandes entreprises. Mesure d’efficacité de l’assurance, le ratio combiné (rapport entre frais de gestion et coûts de sinistre sur le total des primes encaissées) se détériore vivement et s’élève à 108,9%. Plus ce rapport est élevé et plus la rentabilité est basse. Mardi, Martin Senn a déclaré que «les mesures correctrices nécessaires ont été prises».
A part le partenariat avec Santander en Amérique latine, les annonces de rachats ou de partenariats sont restées bien maigres ces dernières années. Et dans sa recherche d’efficacité accrue, les mesures ont tardé.
Martin Senn, un ancien de la SBS puis de Credit Suisse, se targue d’une riche expérience dans la région la plus dynamique de la planète, l’Asie (vingt ans). Il a travaillé à Hongkong, Tokyo et Singapour. C’est d’ailleurs à Hongkong qu’il a fait la connaissance de sa femme, une violoniste sud-coréenne. Mais, une fois nommé à la tête de Zurich, le groupe est resté très défensif, réservé, hésitant à prendre des risques, selon les médias.
Le groupe déclare maintenir ses objectifs financiers pour la période de 2014 à 2016, dont un rendement des fonds propres (sur la base du bénéfice d’exploitation, mais après impôts) de 12 à 14% et des afflux de trésorerie de plus de 9 milliards. Mais le choix du nouveau patron importe, pour l’instant, davantage qu’un objectif de toute manière très dépendant des aléas conjoncturels et des mesures que prendra le nouveau patron.
Les candidats possibles
La liste des candidats internes paraissait maigre. On a cité Axel Lehmann, parti chez UBS, George Quinn, directeur financier, et Kristof Terryn, responsable des affaires vie aussi bien que non-vie depuis octobre, et un ancien de McKinsey. Tom de Swaan a toutefois déclaré mardi que le futur président de la direction viendra «de l’extérieur». Son profil est ainsi décrit: «Un entrepreneur, un leader avec une profonde connaissance de l’assurance et avec une expérience de patron (CEO).» Le président du conseil d’administration, qui a déclaré mardi qu’il se représentera au conseil à la prochaine assemblée générale, déclare que ce choix externe «ne doit pas être interprété comme un signe d’absence de bons candidats internes».