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Après une année 2022 noire, le bitcoin reprend des couleurs

La cryptomonnaie la plus célèbre a bondi de 80% depuis janvier. Mais elle n’est pas encore à la moitié de son pic de novembre 2021

Image d0illustration. Les symboles du bitcoin et de l'ether. — © DADO RUVIC / REUTERS
Image d0illustration. Les symboles du bitcoin et de l'ether. — © DADO RUVIC / REUTERS

Le bitcoin a franchi un palier mardi, dépassant les 30 000 dollars pour la première fois depuis juin 2022. Il est ensuite retombé un peu en dessous, puis remonté, mais ce n’est pas le plus important: depuis janvier, la cryptomonnaie la plus connue s’est envolée de 80%. L’ether, la deuxième devise la plus échangée, a également redécollé, quoique un peu moins vite: +60% depuis janvier, à 1910 dollars. «Au vu de ce rebond, les cryptos ont été l’un des actifs les plus performants de cette année, attirant finalement l’attention sur un autre sujet que «la contagion continue», souligne Mads Eberhardt, analyste spécialisé dans les cryptomonnaies chez Saxo Bank, dans une note.

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Car cette embellie arrive après une année 2022 difficile pour toutes les cryptomonnaies. Entre l’aversion au risque qui a flambé, touchant toutes les classes d’actifs, et des problèmes spécifiques – faillites de plusieurs plateformes d’échanges provoquant des contagions sans fin –, elles ont sombré. Désormais, trois facteurs expliquent le rebond, selon Mads Eberhardt. Le premier: le marché estime que l’environnement macroéconomique va s’améliorer pour les actifs risqués, parce que les banques centrales devront arrêter leur resserrement monétaire, voire peut-être à nouveau réduire leur taux d’intérêt. Le deuxième réside dans la chute des prix des cryptos, qui ont plongé très bas – trop bas, à son avis.

Gagnant des turbulences bancaires

Enfin, les turbulences récentes du secteur bancaire ont pu donner un coup de fouet à ce secteur alternatif: «En raison de la nature décentralisée des actifs cryptos, la crainte d’un effondrement de banques a nourri la hausse, puisque les cryptos se trouvent en quelque sorte en dehors des services financiers traditionnels», estime encore Mads Eberhardt, tout en recommandant de se méfier des qualificatifs qui sont parfois attribués à cette classe d’actifs. Il rappelle ainsi qu’on prêtait volontiers au bitcoin un rôle à la fois de refuge quand tout va mal, et de protection contre l’inflation. Or l’an dernier, il n’a joué ni l’un ni l’autre, alors que tous les marchés tanguaient et que le renchérissement bondissait à un niveau inédit depuis des décennies.

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On est encre loin du sommet de 2021

Malgré ce rebond depuis janvier, le bitcoin n’est pas encore à la moitié du chemin pour retrouver son sommet historique de novembre 2021, culminant à 69 000 dollars. Comme le rappelle Martin Burgherr, responsable clients et membre du comité exécutif de la banque Sygnum, spécialisée dans les actifs numériques, les prix des cryptos ont tendance à surréagir dans les deux sens. «Prenez la faillite de FTX, en automne dernier: comme les autres faillites dans ce secteur, elles ont conduit les investisseurs à vendre. Puis, ces derniers ont compris que les problèmes ne venaient pas des cryptos elles-mêmes, mais des plateformes qui n’avaient pas de vraie gestion des risques ou de gouvernance appropriée», souligne-t-il.

De quoi provoquer de forts mouvements, puis un rebond. Qui sera lui aussi trop fort? Martin Burgherr se garde de le dire, mais il considère que le retour du risque, la probable fin de la hausse des taux, de même que les turbulences bancaires ont de quoi soutenir le bitcoin et les autres cryptomonnaies.

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