Credit Suisse boucle son second exercice d'affilée dans le rouge. Le numéro deux bancaire helvétique essuie une perte nette de 2,44 milliards de francs au terme de l'exercice 2016, plombé par une amende américaine dans le dossier des subprimes. 

Au seul 4e trimestre, la perte nette s'élève à 2,35 milliards de francs, indique mardi la grande banque dans un communiqué. Pour rappel, l'accord entre les autorités américaines et Credit Suisse prévoit une amende totale de 5,28 milliards de dollars (5,24 milliards de francs) pour clôturer l'enquête sur le rôle de l'établissement dans la crise des «subprime» - dont 2,48 milliards de pénalité civile.

Au terme de la première année de sa vaste transformation, le groupe indique avoir réduit d'environ 1,9 milliard de francs sa base de coûts opérationnels. «Douze mois difficiles et chargés», souligne le directeur général Tidjane Thiam, cité dans le communiqué, qui mise sur «l'héritage et l'identité suisses» comme facteurs de stabilité et de performance.

5500 emplois supprimés

Credit Suisse entend biffer plus de 5500 postes en 2017, après une réduction des effectifs de plus de 7250 unités réalisée l'an dernier. Le groupe vise à ramener sa base de coûts sous les 18,5 milliards d'ici la fin du nouvel exercice.

A fin décembre, le numéro deux bancaire helvétique affichait des économies nettes totalisant 1,9 milliard de francs, soit davantage que l'objectif annuel fixé à 1,4 milliard, indique la grande banque dans la présentation des résultats publiée mardi. La base des coûts opérationnels s'établissait en fin d'année à 19,4 milliards (à taux constants).

Pour mémoire, en décembre, l'établissement aux deux voiles a relevé ses objectifs d'économies de 3,2 à plus de 4,2 milliards de francs d'ici fin 2018. A ce même horizon, Credit Suisse veut ramener sa base de coûts en-deçà de 17 milliards.

Action en hausse

Globalement, les effectifs de Credit Suisse ont décru de 2% d'un exercice à l'autre. Ils sont passés de 48'210 à fin 2015 à 47,170 équivalents plein temps à la fin de l'année sous revue.

Les investisseurs ne se sont pas laissés alarmer par cette nouvelle perte de Credit Suisse. A la bourse, le titre gagnait 3,12% en milieu de matinée. Par rapport à l'été dernier, le cours a gagné près de 50%. Pourtant, la contre-performance est pire qu'anticipée par les analystes sondés par Bloomberg: ils s'attendaient à 2,07 milliards de francs de perte pour l'ensemble de l'année. En revanche, ils ont été rassurés par un niveau de fonds propres plus élevé qu'attendu, à 11,6% pour les fonds propres dits «durs», contre 11,1% prévu. 

Changement de programme pour l'entité suisse?

Cette plus grande assise financière va peut-être changer la donne pour l'entité suisse de Credit Suisse, que cette dernière s'apprêtait à mettre en bourse. Le but de cette «IPO» partielle - 25% du capital seulement devait être mis en bourse - était de lever des fonds pour solidifier encore les capitaux propres de la banque, mais beaucoup, à l'interne, étaient opposés à ce qu'ils voyaient comme le bradage d'un joyau, selon des sources du Financial Times

Dans son communiqué, la banque rappelle que les préparatifs sont toujours en cours et que cette introduction en bourse pourrait avoir lieu dans la deuxième partie de 2017. Mais, interrogé par Bloomberg, Tidjane Thiam a aussi indiqué que l'établissement envisageait d'autres possibilités. «C'est une très bonne option, elle est sur la table et nous y travaillons. Mais, bien sûr, comme vous pouvez l'imaginer, et c'est ce pourquoi nous sommes payés, nous étudions d'autres options, de façon continue.»


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