Lorsqu’il est bien géré, un fonds indiciel reflète les caractéristiques risque/rendement d’un marché ou d’un segment de marché déterminé, de manière à ce que l’investisseur obtienne le même rendement que le marché pour le même niveau de risque. Ce marché est généralement représenté par un indice.

Au premier abord il peut paraître prometteur d’engager un gérant actif compétent qui, à travers la sélection de titres, cherche à dépasser la moyenne. Cette dernière s’est maintes fois révélée être un obstacle difficile à franchir pour les gérants actifs.

Les fonds n’échappent pas à cette logique: en effet, ils ne parviennent pas tous à dégager un rendement supérieur à la moyenne puisque le placement est un jeu à somme nulle. De ce point de vue, on peut estimer que la chance qu’un fonds à gestion active surperforme la moyenne est d’environ 50%. Malheureusement, cette logique comporte des failles.

La sous-performance des fonds est, en fait, une réalité. Ainsi, on constate que, entre 2001 et 2011, 72% de tous les fonds d’actions suisses n’ont pas pu dépasser leur indice (selon le classement Morningstar et corrigé du «biais du survivant»). Et l’on observe des résultats semblables sur presque tous les marchés. Ce phénomène s’explique par le fait que tous les titres disponibles sur un marché ne sont pas rassemblés dans les fonds accessibles au public.

Pour choisir un fonds, les investisseurs se réfèrent souvent à la performance passée. Mais là encore, les statistiques mettent en évidence l’inefficacité de cette approche. En réalité, les classements des fonds actifs changent en permanence. Parmi les fonds suisses ayant dépassé leur indice entre 2001 et 2005, seuls 34% sont parvenus à répliquer cette performance entre 2006 et 2011.

Même la théorie selon laquelle les gérants actifs surperforment leur indice dans des marchés baissiers se révèle être un mythe. En effet, en Suisse, le pourcentage des fonds à gestion active ayant dépassé leur indice pendant les trois derniers marchés baissiers1 n’a jamais atteint 50%.

Un autre facteur clé: les coûts. S’il est vrai que, en théorie, le placement est un jeu à somme nulle, en réalité cette définition ne tient pas compte des frais payés par les investisseurs pour la gestion. Ces charges ne sont rien d’autre qu’une diminution du rendement net que l’investisseur perçoit. Une fois qu’ils ont été déduits, on constate que le rendement moyen obtenu reste en deçà de la moyenne de ce marché.

Il semble que pour réussir, on devrait tenter de s’approcher le plus possible du rendement fourni par l’indice plutôt que d’essayer de le dépasser. C’est précisément ce à quoi s’appliquent les gérants passifs. Un fonds indiciel bien géré investit dans l’ensemble des titres qui forment un marché et fournit aux investisseurs un rendement proche de celui de l’indice. Et puisque la gestion passive entraîne des coûts généralement plus bas que les fonds à gestion active, les investisseurs s’en tirent mieux. Dès lors, compte tenu des difficultés auxquelles sont confrontés les fonds actifs et de leur maigre bilan, on ne s’étonne guère de la popularité croissante des fonds indiciels.

* Managing Officer, Vanguard Switzerland1. Juillet-août 1998, septembre 2000-février 2003 et novembre 2007-février 2009

Entre 2001 et 2011, 72% de tous les fonds d’actions suisses n’ont pas pu dépasser leur indice