L’établissement dément toute provision dans le dossier américain
La banque Pictet se porte «bien», assure Jacques de Saussure. En 2013, la masse sous gestion a augmenté de 4,5% à 390 milliards de francs (301 milliards si l’on soustrait les fonds administrés pour ne garder que les fonds gérés). Les apports de fonds se sont montés à 300 millions. Sur les trois premiers mois de 2014, la tendance reste positive, souligne-t-il. La masse sous gestion atteint désormais 394 milliards de francs (308 de fonds gérés).
Pictet a engagé plus de 300 collaborateurs depuis 2009, portant le total à 3500, dont 2300 en Suisse, et compte recruter plus de 130 personnes en 2014, réparties également entre la Suisse et l’étranger. Pour en savoir plus sur les chiffres de l’établissement genevois, il faudra attendre la fin du premier semestre, lorsqu’il sera contraint de dévoiler ses informations financières, obligation découlant de son changement de statut juridique.
Il faudra aussi attendre pour en savoir plus sur le différend fiscal qui oppose Pictet aux autorités américaines depuis 2012. Alors qu’une source proche de la banque avance que l’établissement a constitué une provision de 800 millions pour ce dossier, la banque réfute et parle de «spéculations totalement infondées». «Pictet et les autorités américaines n’ont eu, à ce jour, aucune discussion, de quelque nature que ce soit, sur le règlement du dossier en lien avec sa clientèle privée américaine», insiste la banque. Et de poursuivre: «Les autorités américaines n’ont exprimé aucune position, quelle qu’elle soit, sur une éventuelle amende qui pourrait être demandée à Pictet. La banque n’a constitué aucune provision de ce chef.»
Pour l’associé senior de l’établissement, l’environnement actuel implique d’autres défis. La force du franc, en particulier. «Nous sommes une industrie d’exportation, la majorité de nos clients résident à l’étranger, leurs portefeuilles sont principalement investis en devises étrangères alors que nos coûts sont à 62% en francs, souligne le banquier. Certes l’introduction d’un taux plancher avec l’euro nous a aidés mais il n’empêche pas le franc de se revaloriser à des niveaux excessifs contre le dollar et les monnaies émergentes.»
Le groupe reconnaît avoir réfléchi à déménager certaines activités opérationnelles à l’étranger. «Au vu de notre taille, les économies d’échelle n’auraient pas été suffisantes pour compenser le coût de la délocalisation, explique Jacques de Saussure. De plus, l’une des clés de notre succès étant la qualité de nos services, nous ne voulons pas risquer de perdre en efficacité pour quelques économies.»
Le contexte est d’autant plus incertain que plusieurs sujets s’ajoutent à ces préoccupations. L’accès au marché européen pour les banques en est un. Les répercussions du vote du 9 février contre «l’immigration de masse» et la façon dont son contenu sera mis en œuvre en constituent un autre. Le groupe souhaite avoir accès aux compétences: «Trouver des collaborateurs très spécialisés sur le marché suisse n’est pas toujours possible. Et avec l’attrait de la Suisse qui se réduit, les faire venir de l’étranger devient aussi de moins en moins évident», conclut celui qui a succédé à Ivan Pictet en 2010 à la tête du collège des associés.
«Trouver des collaborateurs très spécialisés sur le marché suisse n’est pas toujours possible»