Alexander Notter: Les marges opérationnelles des banques sont sous pression. Elles doivent repenser leur modèle d’affaires, soit en renforçant les activités de leur expertise principale, soit par acquisitions de gestionnaires ou d’équipes pour augmenter les actifs sous gestion et, ainsi, les revenus, soit en fusionnant. Mais attendre sans rien faire n’est pas une option, alors que la concurrence des autres places financières est féroce.
– Quelles sont les conséquences de ces changements?
– On observe que les banques ont tendance à se spécialiser de manière assez rapide. La régulation des activités transfrontières les oblige à avoir une structure spécifique pour servir leurs clients d’une manière appropriée à chaque pays et donc souvent à se concentrer sur des régions en particulier. Avant 2008, une banque comptant un milliard de francs d’actifs sous gestion pouvait se permettre d’avoir des clients de toutes les régions. Maintenant, elle pourrait être forcée de se concentrer sur certains pays. C’est une spécialisation voulue par la régulation qui pousse à traiter avec les marchés selon leurs exigences. Toutefois, les grands établissements peuvent se permettre de servir tous les clients.
– Quelles régions sont concernées en particulier?
– Il est difficile de déterminer quelles régions sont les plus abandonnées. L’Europe ne crée plus beaucoup de richesses nouvelles. Beaucoup de banques misent sur l’Asie émergente pour développer leur clientèle. Mais il serait aussi dommage de négliger le Brésil ou l’Amérique latine, par exemple. A moins de n’avoir aucun réseau sur place. Se développer depuis la Suisse est très difficile et onéreux, il faut plutôt chercher un associé dans le pays.
– Quelles sont les conséquences en termes d’emplois?
– Les banques continuent de recruter des gérants de fortune pour autant qu’ils aient déjà acquis des réseaux de clients. Mais elles ont largement tendance à limiter les coûts dans le back-office, en fusionnant ou en externalisant certaines activités. La Suisse devrait s’activer davantage pour attirer des nouveaux acteurs dans la gestion d’actifs. Les hedge funds, par exemple, ont besoin de back-office. Leur arrivée en Suisse permettrait de limiter les pertes d’emplois dans ce domaine.