Le gestionnaire de fortune Julius Bär a vu son résultat net reculer l'année dernière, sur fond de sorties de liquidités et de contraction des avoirs sous gestion. Les actionnaires bénéficieront néanmoins d'un dividende stable.

«Nous terminons le cycle stratégique 2020-2022 avec le deuxième meilleur résultat dans l'histoire du groupe», s'est félicité le directeur général Philipp Rickenbacher, cité dans un communiqué publié jeudi. Pendant cette période, la banque a réussi la transformation de ses activités et atteint l'ensemble des objectifs financiers qu'elle s'était fixés, a-t-il ajouté.

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Le produit d'exploitation est resté quasiment inchangé (-0,1%) en 2022 à 3,85 milliards de francs, alors que les charges opérationnelles (selon IFRS) ont enflé de 7% à 2,77 milliards, a détaillé le groupe zurichois. Le rapport entre les frais et les revenus, un indicateur de performance très suivi, s'est du coup dégradé de 2,1 points de pourcentage à 65,9% et la marge brute ajustée a reculé de 1,2 point à 27,0%.

Au niveau de la rentabilité, le résultat d'exploitation a reculé de 9,8% à 1,2 milliard. Le bénéfice net, selon la norme comptable IFRS, s'est contracté de 12% à 950 millions de francs, tandis que le profit net ajusté des acquisitions a baissé de 8% à 1,05 milliard de francs.

En 2022, les avoirs sous gestion se sont affaissés de 12% à 424 milliards. Les afflux d'argent nouveau n'ont atteint que 9 milliards, après 19,6 milliards encaissés en 2021, ce qui représente une croissance annualisée de 2%. En seconde partie d'année, l'établissement a encaissé 10 milliards de liquidités, dont 6 milliards sur les deux derniers mois de l'exercice, après des reflux de 1 milliard sur les six premiers mois de l'exercice écoulé.

Ces chiffres clés sont supérieurs aux prévisions des analystes consultés par l'agence AWP, sauf le ratio coûts-revenus anticipé à 66,4%.

Effets des marchés et des devises

Le patron de Julius Bär a admis que la banque avait partiellement bénéficié des déboire de sa rivale Credit Suisse. La banque aux deux voiles, en difficulté, avait fait état en novembre dernier de retraits avoisinant les 84 milliards de francs au dernier partiel, dont 64 milliards pour la seule activité de gestion de fortune. UBS, qui a dévoilé mardi sa performance financière annuelle, avait également admis du bout des lèvres avoir récupéré une partie des reflux de sa voisine.

Quant aux avoirs sous gestion, ils ont été principalement pénalisés par «les importants effets de correction sur les marchés mondiaux» suite aux resserrements des politiques monétaires et des variations de changes négatives.

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Les actionnaires recevront un dividende inchangé de 2,60 francs par action au titre de l'année écoulée. C'est à peine moins que les prévisions du marché qui tablait sur 2,61 francs en moyenne. Le programme de rachats d'actions en cours doit se terminer fin février et atteindre le montant maximal visé de 400 millions de francs.

La direction n'a pas apporté de précisions sur les perspectives du groupe. Jusqu'à présent, l'établissement anticipe à moyen terme, soit sur la période 2023-2025, une marge avant impôts ajustée entre 28 et 31 points de base et un ratio coûts/revenus ajusté de moins de 64%. Une croissance annuelle supérieure à 10% est attendue du côté du bénéfice avant impôts ajusté. Le rendement ajusté des fonds propres durs (CET1) devrait quant à lui s'inscrire à au moins 30%.

En prévision de l'assemblée générale du 13 avril, la banque a proposé la nomination de Jürg Hunziker au conseil d'administration.