Les cryptomonnaies sont mises à rude épreuve après un nouvel acte de piratage survenu ce week-end. Un marché d’échanges sud-coréen a été victime d’un vol de cryptodevises, qui a produit une vague de vente faisant perdre 46 milliards de dollars à l’ensemble de ces actifs virtuels, selon l’agence Bloomberg. Le bitcoin a, par moments, perdu 11% à 6750 dollars, ce qui porte à 53% le repli total cette année.

Le marché des cryptomonnaies n’atteint plus que 294 milliards de dollars, si l’on se réfère aux actifs traités sur le marché de coinmarketcap.com. Le montant n’est qu’un peu plus du tiers du sommet de janvier (830 milliards). Le bitcoin, principale cryptomonnaie mondiale, créée en 2009, valait près de 10 000 dollars début mai et 20 000 à la fin de l’année dernière.

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Un regard à plus long terme relativise la chute. Il y a un an, le bitcoin valait 2700 dollars. Le cours actuel lui permet de retrouver le niveau de novembre dernier.

Une bourse relativement modeste

En Corée du Sud, la victime du piratage est Coinrail, une bourse d’échanges de taille relativement modeste. Mais l’accumulation des problèmes de sécurité y est trop fréquente pour ne pas inquiéter les investisseurs. Dans son communiqué, Coinrail confirme le vol, mais ne précise pas son montant. En fin de matinée, son site internet était inaccessible et indiquait être en maintenance. Selon le site de Techcrunch, le marché sud-coréen aurait perdu plus de 40 millions de dollars de tokens émis dans le cadre d’Initial Coin Offerings (ICO), c’est-à-dire lors de levées de fonds via des actifs numériques interchangeables contre des cryptomonnaies. Si les utilisateurs ont été piratés en Corée, tel n’a pas été le cas des entreprises qui les ont émis.

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Le projet le plus touché s’appelle Pundi. La société explique que 3% de son volume de tokens a été piraté, selon Techcrunch. La société a immédiatement gelé les tokens volés et cessé le négoce de ces derniers sur tous les marchés virtuels. NPER et Aszon, deux autres victimes, ont également procédé au gel des tokens piratés.

Le marché virtuel sud-coréen visé par l’attaque traite 50 monnaies virtuelles et appartient, selon Bloomberg, à l’une des 100 plus grandes bourses d’échange de cryptomonnaies, avec un volume d’activité quotidien de 2,6 millions de dollars.

Les enquêtes, notamment menées par les autorités coréennes, se multiplient sur les possibles malversations. Techcrunch rappelle que les principaux actes de piratage des derniers mois ont frappé Coincheck au Japon en janvier (perte de 400 millions de dollars), Tether en novembre dernier (31 millions), sans parler de la suspension de service d’EtherDelta en décembre.

L’EOS plonge encore plus lourdement

La chute du bitcoin a entraîné les autres cryptomonnaies à la baisse. Les plus forts reculs ont touché EOS (–20% au plus fort de la chute), un actif virtuel lancé par la start-up Block.one, qui a pulvérisé le record de levée de fonds avec un ICO à 4 milliards, a perdu plus de 20% par moments lundi, et WaykiChain (–24%). L’ethereum et le ripple, les deux principales cryptomonnaies après le bitcoin, ont subi des replis semblables.

La perception des cryptomonnaies ne peut qu’être critique après de tels événements. Lundi, Bitcoin Mercantile Exchange (Bitmex), basé à Hongkong, publie un rapport cité par bitcoin.com concluant que l’actif virtuel n’occupera qu’une niche étroite, «intéressante pour la spéculation», ainsi que pour le système de paiement. Mais «il serait naïf» de croire qu’il en résultera un système économique prospère.