France
L’agence de presse a suspendu au bout de 10 minutes un communiqué frauduleux qui annonçait des irrégularités dans les comptes du géant français. Une rapidité de réaction qui lui a valu une amende réduite à 3 millions d’euros par la Cour d’appel de Paris

La Cour d’appel de Paris a confirmé jeudi la condamnation de l’agence américaine Bloomberg dans l’affaire du faux communiqué de presse Vinci, mais a abaissé le montant de l’amende à 3 millions d’euros (3,27 millions de francs). Fin 2019, le gendarme français de la Bourse, l’Autorité des marchés financiers (AMF), avait infligé une sanction de 5 millions d’euros (5,44 millions de francs) à l’agence américaine spécialisée dans l’information économique et financière pour avoir relayé la teneur d’un faux communiqué de presse concernant le groupe français de BTP Vinci.
L’agence américaine avait déposé un recours en annulation contre la décision du gendarme de la Bourse en février 2020 et avait plaidé sa bonne foi en mai 2021 devant la Cour d’appel de Paris. Cette demande d’annulation de la décision de la Commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a été rejetée par la Cour d’Appel de Paris, qui a cependant réformé le montant de la sanction en tenant compte de «la réactivité de Bloomberg pour interrompre puis supprimer la diffusion des dépêches en cause et publier ensuite une série de rectificatifs et démentis».
Les vrais coupables jamais identifiés
Bloomberg avait été le premier média à publier en novembre 2016 l’information erronée sur la base d’un communiqué frauduleux qui avait annoncé la révision des comptes consolidés du groupe Vinci en raison de prétendues irrégularités ayant entraîné une perte nette et le prétendu licenciement de son directeur financier. Trois autres agences de presse, l’allemande DPA, la britannique Reuters, l’américaine Dow Jones, ainsi que le journal Les Echos s’étaient fait piéger, mais Bloomberg est le seul média à en faire les frais.
Ses journalistes du «Speed Desk», un service dédié au traitement de l’information financière en temps réel, s’étaient très vite rendu compte de la supercherie puisque moins de 10 minutes s’étaient écoulées entre la diffusion de la première dépêche et les premiers rectificatifs. Un laps de temps très bref mais suffisant pour faire plonger le cours de l’action Vinci de 18,28% avant de se redresser pour clôturer en baisse de 3,78%. Un préjudice évalué par l’AMF à 6,5 millions d’euros (plus de 7 millions de francs) pour les investisseurs.
Vinci avait publié un démenti officiel sur son site internet un peu moins d’une heure après la première dépêche et annoncé porter plainte contre X dès le lendemain. Ni l’AMF, ni le Parquet national financier saisi par Vinci n’ont pu identifier les auteurs du faux communiqué qui l’avaient mis en ligne sur un site miroir du groupe (vinci.group) imitant le vrai (vinci.com), poussant le vice jusqu’à le signer du nom du véritable responsable des relations presse de Vinci, en renvoyant à un faux numéro de téléphone.