La Banque nationale suisse (BNS) a augmenté jeudi son taux d’intérêt de 75 points de base. C’est trois fois plus que ce que les économistes imaginaient en juin dernier. La BNS met ainsi fin à l’ère des taux négatifs, introduit fin 2014 pour limiter l’appréciation du franc, et relève à 0,5% son taux directeur.

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Dans son communiqué, elle affirme qu'«elle contre ainsi la pression inflationniste qui s’est de nouveau accrue et en entrave la propagation à des biens et services moins touchés jusqu’ici par le renchérissement». L'institution a d'ailleurs relevé ses prévisions d'inflation, qui devrait atteindre 3% cette année (contre 2,8% prévu en juin), puis 2,4% l'an prochain (contre 1,9% prévu en juin). Sans le tour du vis de ce jeudi, l'inflation augmenterait davantage, précise la BNS.

Séries de hausse

Face à une inflation qui peine à refluer, les banques centrales ont multiplié les hausses de taux. La veille, la Fed a également augmenté ses taux de 75 points de base, pour la troisième fois de suite. Le jour précédent, c’est la Suède qui faisait bondir son loyer de l’argent de 100 points de base d’un coup.

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La BNS n’en restera probablement pas là. Même si l’inflation en Suisse reste modeste par rapport à la zone euro ou aux Etats-Unis, elle atteignait 3,5% en juillet et à nouveau en août. C’est un plus haut de plusieurs années. Elle ajoute d’ailleurs dans son communiqué qu'«il n’est pas exclu que de nouveaux relèvements de taux soient nécessaires pour assurer la stabilité des prix à moyen terme». Elle se dit également prête à intervenir sur le marché des changes. Le franc, qui venait de battre un record face à l'euro, perdait à nouveau du terrain juste après la décision.

Mais la tendance devrait changer: «Pour les investisseurs, détenir des obligations et crédits en francs rapporte désormais un rendement positif, ce qui va augmenter la demande de francs», souligne Arthur Jurus, stratégiste d'Oddo BHF, ajoutant que «l’appréciation structurelle du franc se poursuivra».