Les bourses ont commencé la semaine dans le vert. Le signe qu’après avoir vécu leur pire trimestre depuis 2008 (entre -20% et -25% en Europe et aux Etats-Unis), elles sont prêtes pour la reprise? C’est possible. Du moins pour Florian Roger, responsable de la recherche en allocation d’actifs auprès d’Exane Derivatives, qui estime que les «éléments d’une résolution de la crise du coronavirus commencent à être réunis».

Lire aussi: Après leur pire trimestre depuis 2008, les marchés chutent de nouveau

L’expert cite quatre dimensions de cette reprise, la première étant la propagation de l’épidémie, dont on voit une diminution significative en Italie et en Espagne et dont on peut espérer cette semaine une baisse en France et une stabilisation aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Ensuite, les chiffres économiques, notamment les indicateurs avancés italiens, sont faibles, mais ils permettent de quantifier les dégâts, poursuit-il. Il cite en outre «l’hyperactivisme des banques centrales», BCE et Fed en tête avec leur QE illimité, qui a aidé à stabiliser les marchés. Les variations de ces derniers sont moins fortes et leur apaisement est une condition de la reprise. Enfin, les plans de relance des gouvernements sont suffisamment importants pour au moins compenser la perte de croissance liée à l’arrêt de l’économie.

Lire également: «Coronabonds», le jour J

Le pire est derrière

«Les bases sont donc là, même si cela peut prendre un peu de temps pour que les marchés les intègrent», poursuit Florian Roger. Le retour vers les actions doit donc se faire avec prudence. D’autant qu'«il faut garder en tête que cette crise a ou va faire éclater un certain nombre de bulles», prévient-il.

JP Morgan estime qu’un ralentissement de la propagation des cas de Covid-19 aux Etats-Unis pourrait finalement «mettre un plancher» à la chute des bourses. Sa rivale, la banque Morgan Stanley, considère, elle, qu’un pic a été atteint dans l’incertitude des marchés, alors que la volatilité battait des records et que les interventions des banques centrales et des gouvernements se sont multipliés. «La liquidation forcée des actifs le mois dernier est largement derrière nous», jugent ses analystes, ajoutant que désormais «certaines valorisations sont les plus attractives que nous ayons vues depuis 2011».

Avant une nouvelle vague?

Pour l’établissement américain, le pire est donc derrière dans ce marché baissier, «qui a commencé il y a deux ans, pas le mois dernier», précise-t-il. Car les marchés baissiers «se terminent avec les récessions, ils ne commencent pas avec elles» et le niveau actuel est un bon point d’entrée, pour un horizon de six à douze mois, selon les analystes. La suite pourrait se corser: «La prochaine étape du marché haussier pourrait être très différente de la précédente et l’impensable – l’inflation – pourrait commencer à réapparaître.»

Tout le monde ne partage pas cet avis. Scott Minerd, responsable de l’investissement de la société américaine Guggenheim Partners, cité par MarketWatch, avertit qu’il faut s’attendre à une nouvelle vague de panique, au moins aussi violente que la précédente, lorsque les marchés verront la «tristesse des résultats des entreprises» et l’ampleur de la «dévastation de l’économie» provoquée par le virus. JP Morgan ouvrira la saison des résultats au premier trimestre des sociétés américaines le 14 avril, ce qui permettra de voir dans quel sens penchera le marché. La banque, qui envisage de suspendre son dividende, a d’ailleurs prévenu lundi ne pas être «immunisée» contre le coronavirus.