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Chute des opérations de fusions et acquisitions

La crise du crédit donne un violent coup de frein aux transactions à fort endettement. Le volume plonge de 69% en août.

Les opérations de fusions et acquisitions ont connu l'un de leurs plus forts plongeons en août en comparaison du niveau d'activité de juillet. Cette chute témoigne de la violence de l'impact de la crise de la dette sur toutes les opérations impliquant les fonds de private equity. Ces derniers recourent massivement à l'endettement, à bas taux d'intérêt, pour acheter des sociétés dans l'espoir de les revendre quelques années plus tard avec une plus-value importante. Le durcissement des conditions de prêt par les investisseurs est la raison première de ce coup de frein marqué.

Selon des données publiées lundi par Dealogic, une société britannique d'informations financières, le nombre de transactions a diminué de 29,6% entre juillet, qui a constitué un sommet avec 1110 opérations annoncées, et août, qui n'en a vu que 781.

La baisse des volumes est plus spectaculaire. Le total des prix des transactions annoncées a plongé de 69,3%, passant de 203,6 milliards de dollars à 62,5 milliards de dollars en quelques semaines seulement.

Il faut remonter à l'été 2001 pour assister à une chute aussi marquée des volumes, lorsque le marché du private equity a subi son premier ajustement sévère après un printemps boursier marqué par un pessimisme croissant. Cet été-là, il avait chuté de 67,3%. Une baisse d'activité en août est un phénomène fréquent dû aux vacances, mais qui ne s'est pas observé l'an dernier et était à peine perceptible en 2005.

Des milliards à investir

La chute de cette année ne surprend toutefois pas les professionnels de la branche, qui s'attendaient depuis des mois à un éclatement de la bulle qui affectait le secteur. «Le resserrement du crédit amène chaque participant à ce marché à redéfinir les conditions des transactions. Celles-ci se voient donc retardées. Ce ralentissement risque de durer un certain temps. Les mois de septembre et d'octobre devraient afficher des baisses substantielles par rapport à leurs niveaux de l'an dernier», analyse Hans van Swaay, partenaire de la société de conseil financier Lyrique et ancien responsable du private equity de Pictet & Cie.

Lorsqu'un nouvel équilibre sera trouvé, les transactions devraient se reprendre. Loin d'être ruinés par la crise, les fonds de private equity détiennent encore quelque 300 milliards de dollars en liquide prêts à s'investir, auxquels pourra s'ajouter une part d'emprunt. Leur force de frappe approche donc les 1000 milliards.

Cependant, les conditions qui prévaudront lors du redémarrage se seront durcies. Les banques ne devraient plus accepter des taux d'endettement aussi élevés que précédemment et remonter les taux qu'elles exigeront de leurs débiteurs. «Un retour à la normale», conclut Henri van Swaay.