Commentaire
Tax Justice Network a publié son classement des pays selon leur opacité financière. La place helvétique figure en tête alors même qu'elle n'est pas le pire élève

La Suisse mérite son bonnet d’âne, estime Tax Justice Network (TJN). Même si elle n’est pas le cancre de la classe. Au contraire, elle fait des progrès, reconnaissent les activistes, qui citent l’adoption de l’échange automatique d’informations. Et d’autres font bien pire qu’elle, forcée de changer sous la pression.
TJN épingle en aparté les Etats-Unis. S’ils félicitent l’administration américaine pour avoir mis la pression sur Berne et les banques suisses, ils déplorent que certains Etats restent eux-mêmes très opaques. Les Américains ne sont mêmes pas les pires. La City et les dépendances de la Couronne – un système que TJN décrit comme celui d’une toile d’araignée, où Londres apparaît comme une place propre mais qui gère l’argent moins propre de ces places – sont tout autant critiquées.
Alors pourquoi clouer la Suisse au pilori? Parce qu’elle est numéro un mondial de la gestion de fortune et que le classement est pondéré en fonction des fonds gérés. En d’autres termes, la place financière peut faire les efforts qu’elle veut, tant qu’elle reste leader dans ce domaine, il y a aucune chance qu’elle puisse être délogée de ce classement.
La Suisse n’est pas le cancre de la classe, elle n’est peut être pas non plus le meilleur élève. Ce n'est pas forcément le but. Mais pendant qu’on continue à braquer les projecteurs dans sa direction, toutes les autres places financières peuvent se développer dans son ombre. Dans ce sens, les critiques envers les Anglo-Saxons sont un progrès.