Hamad al-Suwaidi, directeur du Abu Dhabi Investment Authority et coprésident du groupe de travail, souligne de son côté «la nécessité de préserver les intérêts économiques et financiers des fonds souverains pour ne pas les désavantager par rapport à d'autres investisseurs», comme les hedge funds ou le private equity.
Ces deux déclarations résument l'enjeu des discussions, qualifiées d'«intenses». Les fonds souverains, qui gèrent 3000 milliards de dollars dans le monde selon les estimations actuelles, ont été à la fois sollicités depuis le début de la crise financière (par UBS et Citigroup notamment) et critiqués pour leur opacité.
Plusieurs pays occidentaux sont tentés de protéger leurs secteurs, technologies ou savoir-faire stratégiques. Le parlement allemand vient de modifier sa loi sur le commerce extérieur: elle donne dès janvier 2009 un droit de veto gouvernemental à tout investissement étranger (hors-UE) supérieur à 25% du capital dans une entreprise relevant «de la sécurité et de l'ordre publics». La Fédération des industriels allemands a critiqué cette mesure qui «n'est pas un bon signal».
Cap sur Hollywood
La récente vente de Dresdner Bank à Commerzbank a donné lieu à des spéculations selon lesquelles China Development Bank aurait été sur les rangs. Le gouvernement allemand «n'a exercé aucune influence sur la transaction», a précisé un porte-parole du ministère des finances. Le prochain enjeu est la privatisation partielle de Deutsche Bahn, qui intéresse China Investment Corporation, a confirmé mardi le ministre allemand des finances. A Berlin, on craint surtout l'arrivée massive des capitaux russes.
Du côté des fonds souverains, le discours est devenu plus musclé. Ceux-ci font notamment valoir que des exigences excessives en matière de transparence les discriminerait face aux hedge funds et freinerait les flux de capitaux.
En attendant les «principes et pratiques» volontaires du FMI, les investissements se poursuivent. Le fonds d'Abou Dhabi, qui vient d'acheter Manchester City pour 245 millions d'euros, veut aussi investir 1 milliard de dollars à Hollywood, selon le Financial Times. Il ambitionne de devenir «un joueur global dans l'industrie des médias», selon son président.
Le secteur n'est peut-être pas stratégique, mais si la transaction se fait, il sera intéressant de voir ce qu'il adviendra des scénarios de films qui ne présentent pas les pays du Golfe sous un bon jour.