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Au cœur des marchés. Le doute estival

Au cœur des marchés.

Très loin du ton badin qui embaume les destinations à la mode, les marchés ont soudain découvert que la liquidité abondante pouvait ne pas être éternelle. Etat des lieux de cette météo brusquement moins balnéaire. Commençons par les passages nuageux: la crise des hypothèques de mauvaise qualité continue de prendre de l'ampleur. C'était prévu. Ceux qui ont cru que le réemballage de produits pourris dans un format acceptable pouvait rapporter gros sont punis par où ils ont péché. C'est plutôt sain. Nous avons toujours pensé que ce phénomène ne pouvait provoquer isolément une crise financière majeure. Nous persistons. Par contre, il y a dix jours un deuxième château de cartes a été ébranlé. Celui du «private equity» dont la fuite en avant commande des transactions de plus en plus importantes avec de plus en plus de leviers. Voir le plus ancien constructeur automobile du monde se séparer d'une affaire qu'il n'arrive pas à restructurer à satisfaction en imaginant que des experts en finance feront mieux me semble une gageure présomptueuse. Elle illustre à quel niveau d'excès nous sommes arrivés! Ici aussi, ce n'est pas malsain. Au contraire, les difficultés de financement signifient moins d'argent facile, donc des transactions plus réfléchies. Pour terminer sur le front des perturbations: conséquence logique d'une liquidité qui reflue, les «carry trades» que nous avons souvent évoqués commencent à s'inverser. Il suffit d'observer le renforcement révélateur du franc suisse ou du yen.

Le beau temps s'obstine par contre sur le front des résultats d'entreprises qui restent de bonne qualité. Enfin, l'économie américaine reste, compte tenu de ce qui a été évoqué, ferme dans sa phase de ralentissement avec en toile de fond une conjoncture mondiale radieuse.

Au lieu de nous emmener sur la plage, les marchés ont plutôt choisi de passer les vacances en montagne. Le sentier, dans lequel ils se sont engagés, est étroit. Le précipice est profond d'un côté et la falaise abrupte de l'autre. La montagne, ce sont nos autorités monétaires et plus particulièrement celle qui actionne les leviers sur le dollar. En redevenant trop vite laxistes, elles lanceront les marchés contre la falaise que représente une bulle de liquidités risquant d'exploser à tout moment. En étant trop strictes, elles précipiteront le consommateur des pays développés dans le précipice, entraînant avec lui pêle-mêle, les résultats des entreprises, la croissance des zones émergentes, le système financier, le marché immobilier.

Le pire n'est jamais certain, ce sentier existe et tout le monde a intérêt à l'emprunter, mais le sac à dos est lourd, alors gare aux faux pas!