Nous avons observé cette année des marchés des changes dominés par le carry trade. Ces opérations consistent à emprunter dans une monnaie à faible taux d'intérêt - franc suisse ou yen japonais - pour placer dans une monnaie à fort loyer de l'argent. Elles se sont surtout portées sur des monnaies exotiques en début d'année, par exemple la couronne islandaise. A présent, c'est plutôt sur la livre sterling ou le shekel israélien que se portent ces opérations. La BNS a d'ailleurs relevé le phénomène.
Ces spéculations à la marge de l'euro ou du dollar ont provoqué par ricochet une stabilité inhabituelle entre l'un et l'autre. A l'approche de décembre, le dollar nous indique qu'il risque fort d'aller chercher ses plus bas contre euro puis peut-être confirmer un nouveau trend baissier. L'agenda (géo)politique allié à une recrudescence de la spéculation pourrait rendre les changes plus erratiques et propices à du trading sur les grandes devises. Au niveau des taux d'intérêt, les différentiels entre les monnaies ont pour principale conséquence de rendre ardue la production de performance pour des investissements en dollars avec une couverture contre monnaies européennes. Il est dès lors judicieux de rester dans des véhicules de placement en monnaies européennes ou de se diriger vers les marchés émergents dont les monnaies commencent à avoir leur vie propre face à la devise américaine.
A cet égard, nous sommes positifs sur l'or et, plus spéculativement, l'argent en raison des besoins en actifs de réserve de la Chine et de l'Inde. Les presque 2 milliards d'individus que constituent ces deux pays sont un réservoir loin d'être tari. Dans le même esprit, la tendance lourde d'expansion de la demande pour les matières premières et l'énergie perdurera (ainsi que le cycle d'investissement qui y est lié).
2006 n'ayant décidément pas été l'année des stratégies sophistiquées, la gestion alternative n'a pas toujours été au rendez-vous. 2007 pourrait inverser la donne. La pression sur les gérants est grande et certains flux de remboursement vont alléger les actifs superflus. Après cette cure d'amincissement, les meilleurs seront à nouveau en pleine forme.
Les années se suivent et ne se ressemblent jamais: nous sommes entourés d'un brouillard qui amplifie nos craintes. Mais de quoi avons-nous peur? Essentiellement du comportement collectif des marchés! 2007 pourra réserver une excellente surprise aux investisseurs avertis qui ont prêché dans le désert toute cette année.