«La consommation ne va pas s’effondrer»
Brexit
Vincent Juvyns, le stratège de JP Morgan Asset Management, appelle au calme. Même si les marchés vont connaître une journée agitée, le Brexit n'est pas un cataclysme financier

Avant l’ouverture des bourses européennes, Vincent Juvyns, le stratège de JP Morgan Asset Management, fait le point sur les conséquences à court et à moyen terme du Brexit. Il appelle au calme.
– Vous êtes opérationnel depuis quelle heure?
– J’ai travaillé jusqu’à minuit et je suis revenu à 4h30 ce matin.
– Comment les marchés vont-ils réagir à l’ouverture?
– Comme en Asie, surtout au Japon. Les futures augurent des fortes chutes des actions britanniques, de l’ordre de -8%. La baisse devrait être moindre en Europe. Il faudra que les marchés gèrent la nouvelle. Et il ne faut pas oublier que les bourses ont enregistré des gains substantiels cette semaine. Il s’agit donc aussi d’un mouvement de correction.
– Combien de temps cette déconvenue peut-elle durer?
– Si les marchés tombent de -8% aujourd’hui, certains trouveront peut-être un intérêt à acheter ensuite. Cela dit, même si ce Brexit est évidemment regrettable pour la construction européenne, ce n’est pas une catastrophe non plus. L’on ne fait pas ici face à ce qui s’est passé en septembre 2008. A plus long terme, il y aura une période d’incertitude plus ou moins longue – ce que les marchés n’aiment pas. Il faudra voir comment le Brexit sera géré au niveau politique et juridique, lorsque sera entamée la procédure de désengagement. Une période de deux ans est prévue pour renégocier la collaboration entre les deux parties. Ces discussions vont offrir plus ou moins de clarté, donc plus ou moins d’incertitudes pour les investisseurs.
– Vers quels actifs faut-il se tourner aujourd’hui et dans les prochains jours?
– Nous avons recommandé des fonds obligataires sur le marché américain. Ils offrent un niveau de rendement supérieur à ceux du reste du monde, notamment européen. Ce sera sans doute un marché refuge, comme l’a été le yen cette nuit. Le marché actions américain aussi, devraient mieux se porter que les bourses européennes.
– Faut-il se séparer des blue chips de la bourse de Londres, comme Barclays, HSBC ou Tesco?
– Nous avons déjà réduit, avant aujourd’hui, le poids des actions britanniques dans nos fonds. Le gros du mouvement de baisse aura lieu aujourd’hui. Mais il faut garder son calme. Pour le citoyen européen, dans les mois qui viennent, cela ne change rien, concrètement. La consommation ne va pas s’effondrer. C’est dans cette perspective-là qu’il faut considérer cet événement.