Credit Suisse enregistrera une nouvelle perte au quatrième trimestre. C’était attendu, mais le montant pourrait atteindre quelque 1,5 milliard de francs, a prévenu la banque mercredi matin dans un communiqué, publié à quelques heures d’une assemblée générale extraordinaire qui a validé une augmentation de capital controversée.

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A la fin octobre déjà, la banque avait averti que l’environnement économique et les difficultés sur les marchés avaient un impact sur l’activité des clients dans toutes les divisions. Ce mercredi, elle cite en particulier la banque d’investissement, affectée par le ralentissement de l’activité dans les marchés de capitaux. Pour la gestion de fortune et la banque suisse, l’activité des clients a, elle aussi, été «modérée». Les divisions de gestion de fortune et d’investissement devraient enregistrer des pertes. La banque s’attend à «ce que ces conditions de marché continuent au cours des mois prochains». A l’ouverture de la bourse, l’action de Credit Suisse perdait plus de 4%. La chute s’est encore poursuivie, la banque atteignant un nouveau plus bas historique.

Clients suisses plus fidèles

Surtout, la banque a donné des informations sur l’exode des clients. «Credit Suisse a commencé à subir des sorties de fonds nettes au cours des deux premières semaines d’octobre, à un niveau substantiellement plus élevé qu’au troisième trimestre», détaille le communiqué. Au début du mois dernier, des rumeurs de faillite propagées sur les réseaux sociaux avaient suscité l’inquiétude.

Au niveau du groupe, les sorties représentent 6% des actifs sous gestion à la fin du troisième trimestre (soit 88 milliards de francs). Dans la gestion de fortune, les retraits ont diminué depuis les niveaux élevés des deux premières semaines d’octobre, mais ils ne se sont pas arrêtés et s’élèvent à quelque 10% des actifs sous gestion (chiffres au 11 novembre). Soit un montant d’environ 63 milliards. Presque dix fois plus qu’au trimestre précédent.

«Hautement préoccupant»

Dans une note, l’analyste de Vontobel, Andreas Venditti, a considéré les sorties comme «massives» et «hautement préoccupantes, d’autant plus que la tendance ne s’est pas encore inversée». Credit Suisse «doit restaurer la confiance le plus vite possible, mais c’est plus facile à dire qu’à faire», a-t-il ajouté. Ce niveau de retrait correspond à ce qu’avait subi UBS lors de la crise financière, a rappelé Kian Abouhossein, analyste chez JPMorgan, cité par le Financial Times. Sauf que cela s’était produit au cours d’une année, pas sur un seul trimestre, a-t-il précisé.

Dans la banque suisse, la situation s’est stabilisée et les clients semblent plus fidèles, la masse sous gestion s’étant réduite de 1%. Le départ de ces clients aura aussi un impact sur les revenus de la banque, tout comme l’abandon de certaines activités de l’établissement. D’où la perte anticipée pour le dernier trimestre.

L’exode de clients avait posé des questions sur les liquidités de la banque. Lors de la présentation de la nouvelle stratégie, il y a un mois, elle avait signalé que les ratios de liquidité avaient, dans certains cas, pu être momentanément en dessous des exigences réglementaires. Mais pas au niveau du groupe. La moyenne quotidienne du principal ratio de liquidité (LCR) ce trimestre (au 18 novembre) était de 140%, contre 192% pour le troisième trimestre. Le minimum légal est de 100%.

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