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La découverte de ce système a conduit plusieurs de ces organisations, dont le Fonds monétaire international (FMI), à suspendre leur aide au Mozambique. Tout comme certains Etats, dont la Suisse.
Plusieurs procédures
L’affaire risque de durer, puisque la Haute Cour de justice à Londres a choisi septembre 2023 pour examiner le rôle de la banque, entre autres, dans ce système de prêts. Le procès est prévu pour une durée de treize semaines, d’après le quotidien des affaires. La procédure a été lancée par Banco Comercial Português et United Bank for Africa en 2020 contre Credit Suisse, le Mozambique et une des sociétés étatiques qui ont reçu une partie des financements. Contactée, la banque ne fait aucun commentaire. Jusqu’ici, elle avait affirmé que les employés concernés avaient contourné les règles de compliance de la banque.
Il ne s’agit pas de la seule juridiction qui s’intéresse au sujet, même si certaines enquêtes ne concernent pas directement la banque. Plusieurs personnes ont été inculpées à New York en janvier 2019, dont trois ex-employés de Credit Suisse et un ancien ministre des Finances du Mozambique. Accusés de corruption et de blanchiment notamment, les ex-collaborateurs ont plaidé coupables.
Millions disparus
D’après l’acte d’accusation, sur les 2 milliards de dollars de prêts, 200 millions auraient fini en pots-de-vin, dans les poches de fonctionnaires ou des accusés. D’après les auditeurs que cite le Financial Times, les sommes disparues sont même plus importantes: 500 millions n’auraient pas été retrouvés, tandis que 200 millions se seraient évaporés dans des frais bancaires et que les équipements achetés l’auraient été à des prix surévalués. Toujours aux Etats-Unis, le Mozambique a attaqué Credit Suisse dans une autre procédure.
En Suisse, l’ONG Public Eye a déposé une plainte pénale auprès du Ministère public de la Confédération en avril 2020. De son côté, l’autorité britannique des marchés a, elle, abandonné son enquête sur le rôle de Credit Suisse, dont la filiale britannique est concernée par cette affaire.
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La décision de la justice britannique vient s’ajouter à la série d’autres scandales auxquels fait face la deuxième banque suisse. Outre la liquidation de ses fonds dotés de 10 milliards liés à la faillite de Greensill début mars, Credit Suisse a dû affronter l’implosion de l’un de ses clients, Archegos. Implosion qui lui a coûté plus de 5 milliards de francs et a contribué à amplifier les doutes sur sa gestion des risques.