Cette semaine, la publication des Minutes de la Fed et les négociations sino-américaines ont tenu le haut du tableau avant que les attaques turques contre les Kurdes syriens n’interviennent. Pourquoi lier ces évènements? Depuis plusieurs mois, observateurs et investisseurs tentent les arguments de contagion politique sur l’environnement économique.

En septembre, même les banquiers centraux ont répondu à ces incertitudes internationales alimentant un débat controversé au sein même de leurs instituts. En résultent aujourd’hui, dans le monde occidental, des comptes cash, à terme ou des obligations ne protégeant le capital qu’à un certain coût (taux négatifs). Fini les liquidités ou les investissements sans risque rémunérateurs. L’épargne liquide coûte à son détenteur par excès de disponibilité: trop d’épargne tue l’épargne.

Cauchemar pour les banques centrales aussi

Depuis la crise financière, on peut déplorer à souhait l’action des banques centrales qui ont inondé les économies de liquidités, accélérant la situation actuelle. Elles ont pourtant mené une politique contre la dépression et la déflation, que d’aucuns saluaient ces dernières années de croissance dynamique et de rendements attrayants pour l’investissement.

Et pourtant, les taux réels négatifs sont un vrai cauchemar pour les Fed, BCE et autre BNS. Forum annuel à Jackson Hole, ou réflexions académiques et monétaires: tous cherchent les raisons d’un taux d’intérêt réel négatif international qui affecte les politiques monétaires régionales. Manque de productivité, d’investissement des entreprises, d’innovation ou globalisation, pléthore de raisons peuvent être invoquées, l’une n’excluant d’ailleurs pas l’autre.

Pourtant la tendance de fond, plus puissante, qui sous-tend ces évolutions est la problématique démographique du vieillissement de la population dans les économies occidentales ainsi qu’en Chine. Entre 25 à 30% de la population de ces régions dépasse l’âge de 60 ans. La proportion entre l’investissement productif et l’épargne de précaution diminue forcément.

De la précaution à l’investissement

A tel point que la BCE et la BNS ont récemment adopté, comme instrument de transmission de politique monétaire avec les banques commerciales, la référence du taux dépôts des excès de réserves liquides plutôt que le traditionnel taux de crédit au jour le jour. Les banques centrales doivent aujourd’hui limiter l’épargne de précaution liquide pour alimenter l’investissement productif.

La précaution coûte dorénavant et les liquidités excédentaires qu’elle génère perturbent la gestion de classes d’actifs. Que ce soit l’évaluation des actifs ou la nature même des obligations détenues pour protéger le capital et offrir un revenu fixe, les taux négatifs poussent les investisseurs à privilégier le prix et la plus-value, par rapport au revenu régulier.

Sensibilité du prix au sentiment ou volatilité accrue, ces développements cycliques et structurels doivent nous pousser à gérer le risque plus que la performance et chercher du revenu dans les entreprises qui assurent une politique de dividendes stables et pérennes génératrice de valeur ajoutée durable.