Banque
La loi Dodd-Frank et la règle Volcker avaient été promulguées en 2010 par Barack Obama en réponse à la crise financière de 2008

Le président américain Donald Trump a frappé une nouvelle fois par voie de décret. Il en a signé deux vendredi, démantelant les réformes clés en matière de réglementation financière mises en place par son prédécesseur Barack Obama dans le sillage de la crise des subprimes de 2008. Il a demandé au Trésor et au ministère du Travail de se pencher sur les moyens de réformer la loi Dodd-Frank (au nom de deux élus démocrates Chris Dodd et Barney Frank) et de la règle Volcker (au nom de Paul Volcker, un ancien président de la Réserve fédérale américaine).
Les deux législations visent à éviter les excès sur les marchés et à protéger davantage les consommateurs. «J’ai des amis qui ne peuvent pas lancer leur entreprise parce que les banques ne veulent pas leur prêter à cause des règles et des contrôles de Dodd-Franck», a lancé Donald Trump vendredi.
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Encadrer les banques
Tout avait commencé par des dizaines des banques qui avaient prêté – sans scrupule et sans s’assurer de la capacité de remboursement des débiteurs – des sommes énormes pour investir dans l’immobilier. Dans un deuxième temps, les banques avaient transféré les risques en vendant des produits dérivés complexes. La crise de 2008 avait provoqué non seulement la faillite des milliers des ménages américains, mais aussi des banques se retrouvant incapables de recouvrer leurs investissements.
C’est dans ce contexte que l’administration Obama avait promulgué en 2010 la loi Dodd-Frank, aussi connu comme la loi «too big to fail – trop grosses pour faire faillite» qui oblige les banques à notamment augmenter leurs fonds propres et à prévenir leur propre surendettement. Dans le même registre, la règle Volcker vise à freiner les investissements spéculatifs avec l’argent de leurs clients.
«Excès de zèle»
Lors de sa campagne électorale, le candidat Trump avait clairement laissé entendre qu’il allait abroger les deux lois. «Nous croyons que la loi Dodd-Frank a été à bien des égards un excès de zèle gouvernemental», a déclaré un responsable de l’administration peu avant la signature des deux décrets. En effet, le ton était donné avec la nomination de l’investisseur activiste multimilliardaire Carl Icahn comme conseiller spécial du président dans le domaine de la régulation financière. Sa mission était de proposer les moyens pour «se débarrasser des régulations destructrices d’emplois qui freinent la croissance économique».
Selon l’AFP, toute l’abrogation substantielle de la loi Dodd-Frank nécessite l’accord du Congrès, qui est acquis au président Trump. En signant les décrets présidentiels, Donald Trump a montré qu’il a l’intention de s’attaquer aux contraintes administratives.
«Position dominante»
«La décision n’a rien à voir avec les banques, a déclaré pour sa part Gary Cohn qui a été numéro deux de la banque d’affaires Goldman Sachs et qui vient d’être nommé directeur du Conseil économique national à la Maison-Blanche. Il s’agit d’être un acteur sur le marché mondial où nous devons, pouvons avoir et aurons une position dominante tant que nous ne nous mettrons pas nous-mêmes à l’écart en raison de la réglementation.»
Le nouveau président américain a par ailleurs définitivement abrogé une disposition de la loi Dodd-Frank qui visait à éviter la corruption pour l’obtention de concessions. Désormais, les compagnies pétrolières et minières américaines ne sont plus obligées de rendre publiques les sommes versées aux gouvernements étrangers.
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