Si on vous l'avait dit il y a quelques années, personne ne l’aurait cru. Et pourtant, la semaine dernière le Trésor italien a émis un emprunt d’Etat à deux ans avec un taux négatif de -0,023%. En d’autres termes, ceux qui ont souscrit à cette nouvelle émission versent une rémunération à l’Etat italien pour avoir le privilège de lui prêter de l’argent… Jean de Médicis a dû se retourner dans sa tombe!   

Bref, la répression financière menée par les banques centrales continue de s’étendre sur le continent européen: Suisse, Allemagne, Danemark, Suède,… et maintenant l’Italie. Rien qu’en zone euro, on compte à nouveau plus de 2000 euros milliards d’emprunts d’Etat qui se traitent avec des rendements négatifs. Au grand dam des investisseurs en quête d’un peu de rendement sans trop de risques. Vous ne vous sentez pas concernés car vous n’avez pas d’épargne à placer sur les marchés? Ou vous êtes trop jeunes pour vous sentir responsable de la situation actuelle? Détrompez-vous car les taux d’intérêt réels négatifs agissent comme un impôt supplémentaire invisible qui vient ponctionner aussi votre fonds de pension.

Dans un monde de croissance économique structurellement plus faible (vieillissement de la population, moindre gains de productivité,…), où l’excès d’épargne actuel et l’endettement massif accumulé annihilent toutes velléités inflationnistes, il est certainement préférable, en tout cas du point de vue des autorités, d’opter pour cette forme de désendettement plus subtile qu’un défaut ou qu’une restructuration. C’est en quelque sorte le prix à payer pour tenter de sortir de l’impasse dans laquelle nous nous sommes fourvoyés, tous seuls, petit à petit, ces trente dernières années.

Mais il n’y a pas que les « vielles » économies développées qui sont touchées par ce problème, la Chine prend également le même chemin. A vouloir lutter absolument contre la décélération «naturelle» de la croissance économique avec les armes de la politique monétaire et budgétaire, les autorités chinoises sont en train de répéter les mêmes erreurs. Elles ont in fine encouragé une création excessive du crédit qui a progressé bien plus rapidement que le PIB (le total de la dette sur le PIB est passé de 160% à 250% depuis 2008) et une mauvaise allocation des ressources (bulle immobilière, puis du marché actions) qui conduisent à des crises financières qui freinent encore d’avantage la croissance et les poussent inexorablement vers cette situation de surendettement.

En mettant fin à la politique de l’enfant unique, la Chine nous envoie peut-être un message subliminal: faites à nouveau des enfants et pas des dettes. A terme, cela permettra peut-être de relancer la croissance économique ou, au moins, de faire payer aux générations futures les négligences des générations passées.