L’Arabie Saoudite s’apprête à emprunter sur les marchés financiers internationaux, une première pour le royaume wahhabite en proie à des difficultés budgétaires sans précédent. Selon le Financial Times, Riyad devrait lever entre 10 et 15 milliards de dollars mercredi, ce qui représenterait la plus importante émission de dette souveraine émergente en 2016 après les 16,5 milliards récoltés par l’Argentine en début d’année.

Les obligations devraient être émises en dollars avec des échéances de 5, 10 et 30 ans. Quant aux taux d’émission, ils devraient être supérieurs de 160 à 200 points de base aux bonds du trésor américain à durée équivalente. Le «Financial Times» évoque ainsi des taux oscillant entre 3 et 3,5% pour les échéances à dix ans.

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L’Arabie Saoudite avait fait part de son intention de se tourner vers le marché international de la dette en novembre 2015. Une annonce qui s’inscrivait dans un contexte de chute des prix du pétrole – de 115 dollars en juin 2014, le baril est passé à environ 50 dollars aujourd’hui – qui pèse lourdement sur les finances du royaume.

Déficit record

La dette du pays s’est d’ailleurs encore creusée depuis le début de l’année, passant de 37,9 milliards de dollars début janvier à 63 milliards au mois d’août, selon Bloomberg. Quant au déficit budgétaire, il devrait atteindre 13,5% du PIB cette année selon des prévisions du Fonds monétaire international. Soit le plus important depuis 1992.

Pour faire face à la situation, Riyad a donc entrepris de couper dans les dépenses publiques, de réduire les subventions et les salaires des fonctionnaires, et même d’introduire une TVA de 5%. Elle s’attelle désormais à trouver d’autres sources de financement que le pétrole.

Pour François Savary, l’émission de mercredi devrait intéresser des investisseurs en mal de rendements. «D’autant que le pays ne connaît pas de problème de solvabilité et qu’il dispose encore d’importantes réserves de pétrole qui font office de garantie», explique le responsable des investissements chez Prime Partners.

Un vrai test

Reste que ce passage devant les investisseurs internationaux représentera un véritable test pour le royaume, poursuit François Savary. «Un échec risquerait d’accroître la pression sur le gouvernement saoudien qui vient d’infléchir quelque peu sa stratégie politique pétrolière ouvrant la voie à une possible limitation des volumes de production», conclut-il.

L’étape suivante pour une Arabie Saoudite qui prépare l’après-pétrole devrait être l’entrée en bourse de Saudi Aramco, la société pétrolière étatique. Celle-ci est prévue pour 2018 au plus tôt.