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Citant la baisse des marges, la filiale de La Poste, qui compte aujourd’hui 3400 postes, prévoit des licenciements. Elle pense pouvoir éviter des licenciements pour les deux tiers des postes concernés. Syndicom y voit l’échec de la direction

PostFinance restructure. La filiale de La Poste prévoit de supprimer 500 postes sur les 3400 qu’elle compte actuellement. En cause, un environnement de marché «extrêmement difficile», affirme un communiqué publié mardi. Mais aussi une «révolution numérique», qui change les besoins et les comportements des clients, ajoute son porte-parole. En outre, les taux d’intérêt négatifs imposés par la Banque nationale suisse pèsent sur les marges de PostFinance, d’autant plus qu’il lui est «interdit de faire du crédit hypothécaire», poursuit-il.
Ces 500 emplois (équivalents plein-temps) disparaîtront d’ici à fin 2020. PostFinance espère que les deux tiers seront absorbés par les fluctuations naturelles, le non-renouvellement des contrats à durée déterminée ou des retraites anticipées. Mais un tiers sera le résultat de licenciements: «C’est douloureux, mais indispensable pour assurer la compétitivité de PostFinance à long terme et pour pérenniser sa réussite», explique Hansruedi Köng, président de la direction, dans le communiqué.
Effets exceptionnels et recettes plus faibles
Le responsable cite la baisse «importante» des résultats au premier trimestre, publiés le 30 mai. Le résultat d’exploitation avait atteint 96 millions de francs, soit 140 millions de moins que la même période en 2017. PostFinance considérait alors cette «baisse due principalement à des effets exceptionnels uniques l’année précédente et à des recettes nettement plus faibles dans le domaine des opérations d’intérêts». Hansruedi Köng estime que «puisque cette tendance négative va se poursuivre, rester sans rien faire n’est pas une option». Les postes touchés seront ceux où l’automatisation est désormais possible, où les tâches sont répétitives, précise le porte-parole, citant le back-office.
PostFinance espère ainsi «gagner en efficience et réduire les coûts». Une procédure de consultation est lancée et les décisions seront prises au mois d’août. Il annonce également que de nouveaux postes seront créés dans le même temps. Car l’établissement entend devenir «leader» de la banque numérique en Suisse d’ici à fin 2020. Il rappelle qu’il investit 250 millions de francs par année dans son développement et explore de nouvelles sources de revenus.
Echec de la direction
Pour Syndicom, cette annonce est avant tout un constat d’échec, celui de PostFinance qui n’a pas réussi à «aborder suffisamment tôt la transformation numérique». Le syndicat s’inquiète pour la suite: «Les perspectives d’avenir de l’entreprise sont jugées incertaines par le comité directeur de PostFinance et l’abandon du domaine de vente fait craindre un nouveau recul de l’entreprise.» Dénonçant une «tactique du salami dérangeante» – 40 emplois avaient déjà été supprimés l’an dernier, rappelle-t-il –, un «jeu du chat et de la souris avec les syndicats», et une «attitude indigne d’une entreprise publique», Syndicom condamne «avec véhémence» cette décision.