Faute d'engouement pour le courtage en ligne et les cryptomonnaies, Robinhood contraint de licencier
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L'entreprise de courtage en ligne procède à sa deuxième vague de licenciements et va remercier 750 personnes. Le service enregistre une baisse de 28% du nombre d'utilisateurs par rapport à 2021

La plateforme américaine de courtage en ligne Robinhood va licencier 23% de son personnel, soit plus de 750 personnes, car l'intérêt pour le marché des actions et les cryptomonnaies a largement décliné par rapport à l'essor observé pendant la pandémie.
«L'année dernière, nous avions recruté en faisant l'hypothèse selon laquelle l'appétit pour la Bourse et les cryptos observé à l'ère du Covid continuerait en 2022», a expliqué le patron Vlad Tenev dans une lettre aux employés publiée sur le blog de la société.
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L'entreprise californienne avait déjà renvoyé environ 9% de ses effectifs fin avril, après avoir vu le nombre d'utilisateurs actifs baisser de 8% entre le troisième et le quatrième trimestre 2021. Elle avait aussi indiqué qu'elle mettrait l'accent sur la maîtrise des coûts. «Cela n'a pas suffi», constate Vlad Tenev dans sa missive adressée aux «Robinhoodies» (les «Robinhoodiens», jeu de mot entre Robin des Bois et «hoodie», qui signifie sweat à capuche).
«Depuis, nous avons vu l'environnement macro-économique se détériorer encore plus, avec une inflation au plus haut depuis 40 ans, accompagnée d'un effondrement du marché des cryptos», détaille-t-il. «Cela a encore réduit l'activité de notre clientèle et les actifs sous notre contrôle.»
Un chiffre d'affaires qui plonge de 44% sur un an
La plateforme entrée en Bourse il y a un an conserve environ 2600 salariés, après avoir remercié quelque 1100 personnes en tout. Cette deuxième vague de licenciements va concerner tous les métiers, mais en priorité les opérations et le marketing, a précisé le patron.
D'après son communiqué de résultats trimestriels publié mardi, le service comptait environ 15 millions d'utilisateurs actifs mensuels fin juin, 28% de moins que l'année dernière. Son chiffre d'affaires a plongé de 44% sur un an.
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Bien que courte, son histoire a déjà été marquée par plusieurs controverses. Ses fondateurs ont répété vouloir «démocratiser l'accès à la finance», mais leur modèle économique inquiète, car Robinhood finance l'absence de commissions en sous-traitant ses larges volumes d'ordres à des intermédiaires qui le rétribuent. Une pratique légale, mais opaque et potentiellement source de conflit d'intérêts.
Lundi, un régulateur new-yorkais des services financiers a infligé une amende de 30 millions de dollars à son activité de cryptomonnaies pour avoir avoir enfreint des lois sur le blanchiment de fonds et la cybersécurité.
«Nous avons fait des progrès significatifs dans la mise en place de programmes de cybersécurité et de conformité avec la loi, et nous allons continuer à faire passer ce travail en priorité, dans l'intérêt de nos clients», a réagi Cheryl Crumpton, une avocate de Robinhood, contactée par l'AFP. «Nous restons fiers de proposer une plateforme plus accessible et moins chère pour acheter et vendre des crypto.»