La Fed relève son taux de 0,75%, comme attendu
Politique monétaire
AbonnéLa banque centrale américaine a décidé mercredi d’une deuxième hausse de cette ampleur consécutive pour son taux directeur. Les marchés cherchaient surtout des signaux concernant l’évolution de sa politique monétaire

Des indicateurs économiques ont ralenti récemment, mais les risques inflationnistes demeurent élevés et le marché de l’emploi reste extrêmement tendu. C’est ainsi, en substance, que la Réserve fédérale a justifié le relèvement de 75 points de base de son taux directeur mercredi soir, une hausse conforme aux attentes du marché. La banque centrale américaine anticipe que des augmentations supplémentaires du taux directeur «seront appropriées».
Commentant cette décision jugée «sans surprise», Gero Jung, chef économiste de Mirabaud AM, relève que «Jerome Powell s’est montré assez optimiste concernant l’économie américaine. La Fed voit le verre à moitié plein, et considère que les indicateurs économiques – y compris le marché du travail – pourront résister à des hausses supplémentaires de taux, de 50 ou 75 points de base en septembre». Le spécialiste penche pour un relèvement de 50 points de base en septembre.
«La Fed semble penser qu’une récession pourra être évitée, ce qui lui permettra de continuer à normaliser sa politique monétaire, poursuit Gero Jung. Le niveau actuel du taux directeur, à 2,25 - 2,5%, est proche du point neutre, c’est-à-dire que la politique monétaire n’est ni stimulante ni restrictive. D’autres hausses de taux vont venir».
Le 16 juin, la Fed avait surpris avec une hausse de 75 points de base de son taux directeur, une mesure qu’elle n’avait plus prise depuis 1994. Avec cette deuxième hausse consécutive de cette ampleur - sa quatrième de l’année après 50 points de base en mai et 25 en mars -, l’institut effectue son relèvement des taux le plus rapide depuis le début des années 1980. Son taux directeur se situe désormais entre 2,25% et 2,5%.
Déterminée à lutter contre l’inflation
Le communiqué de la Fed mentionne deux fois la détermination de l’institut à lutter contre l’inflation, qui a atteint 9,1% en juin, un record depuis plus de 40 ans, pour la ramener à l’objectif officiel de 2%. Une résolution reprise dès les premiers mots prononcés par le président de la Fed, Jerome Powell, dans la conférence de presse qui a suivi l’annonce du relèvement. Des données sur la croissance américaine sont attendues ce jeudi aux Etats-Unis.
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Les investisseurs ont réagi positivement, bien que de manière modérée, à cette décision. Immédiatement après l’annonce de cette décision, obtenue à l’unanimité, les principaux marchés actions américains ont accéléré la progression enregistrée plus tôt dans la journée.
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Les résultats solides publiés auparavant par Alphabet (la maison mère de Google), Microsoft et Texas Instruments, accompagnés d’observations optimistes pour les prochains mois, ont été confortés les investisseurs dans leur espoir que l’économie pourra faire face à un ralentissement. Ce qui encouragerait la Fed déciderait de lutter contre l’inflation sans augmenter trop rapidement son taux directeur, une politique qui éloignerait la perspective d’une récession.
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Surtout, les investisseurs espéraient des signes que la Fed est ouverte à des relèvements plus modestes à partir de septembre. Durant son discours, Jerome Powell a ouvert la porte à un ralentissement de la remontée à l’avenir. Sans exclure une nouvelle hausse des taux inhabituellement élevée, selon l’évolution des données suivies par la Fed.