Les clients sont contents! Les portefeuilles se sont nettement appréciés en 2012, tandis que les politiciens, dans leurs réunions de la dernière chance, ont surtout repoussé les problèmes («Kick the can», disent les Anglais), les actions ont sensiblement progressé en dépit des incertitudes («Climb the wall of fear», pour continuer dans le langage de Wall Street). La hausse s’est faite dans de petits volumes de transactions. Mais elle s’est produite au-delà des attentes.
En cette fin 2012, les experts prévoient la poursuite du mouvement haussier des actions, notamment parce que les banques centrales font tout, y compris des expériences uniques dans l’histoire, pour créer un effet de richesse et ainsi accélérer la croissance.
Les opinions critiques sont nombreuses. «Acheter des actions dont les prix ne sont justifiés que par un taux d’escompte anormalement bas est une façon dangereuse d’investir. Nous préférons réduire leur allocation», écrit Ben Inker, auprès du gérant GMO. Le fondateur de cette société souvent iconoclaste, Jeremy Grantham avertit pour sa part d’un risque bien réel, bien que jamais évoqué par les instituts conjoncturels: l’augmentation des coûts des ressources va pénaliser la croissance et réduire par exemple l’augmentation moyenne du PIB réel américain à 0,9% d’ici à 2030. Depuis le début de ce siècle, les coûts des ressources se sont accrus de 7% par an, et la pression va s’intensifier, selon l’expert.
Pourtant, les derniers signaux conjoncturels semblent optimistes. L’économie réelle s’améliore progressivement, tant en Chine qu’aux Etats-Unis (s’ils évitent le gouffre fiscal). Les deux principaux marchés mondiaux devraient offrir un soutien majeur pour quantité d’entreprises suisses.
L’économie américaine, qui reste la première au monde, est en reprise. Par ailleurs, le redressement de l’immobilier devrait positivement influencer la situation financière, tant des ménages que des banques.
Comme les taux d’intérêt resteront anormalement bas, le cash n’offrira aucun rendement. Il promet d’être grignoté par la hausse des impôts et par la perte de valeur des monnaies. Mieux vaut donc être investi en actifs réels en ces temps de répression financière.
Ce processus de manipulation des taux d’intérêt pénalise surtout la classe moyenne, puisque son épargne est placée essentiellement en dépôts d’épargne, assurance vie et autres produits de taux comme les obligations. Quant à la caisse de pension, elle est également fortement exposée au risque de taux.
En moyenne, les ménages suisses sont toutefois davantage investis en immobilier et en actions que d’autres. L’immobilier représente 41,9% de leur fortune (+9,2% en 2011).
Les ménages fortunés sont les mieux diversifiés et les plus présents dans les actifs réels. Donc les mieux armés face à la répression financière. Au niveau mondial, les actions représentent 33% de la fortune financière des millionnaires, selon Boston Consulting Group (BCG). Si la tendance haussière persiste, leur part ne devrait pas tarder à revenir au niveau d’avant la crise, soit 38%.
En termes de création de fortunes, l’Asie appartient aux gagnants. BCG prévoit une croissance des richesses de 11,1% en Asie (hors Japon) d’ici à 2016, contre 1,8% en Europe occidentale. Le capitalisme chinois se lit dans un nombre de millionnaires qui dépasse déjà celui du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de l’Italie, de la France et des Pays-Bas réunis. Et à Singapour, 17% des ménages sont déjà millionnaires.