Lundi matin, les employés de Credit Suisse reviendront au travail avec un nouvel employeur. Sa concurrente UBS a repris l’établissement bancaire pour la somme de trois milliards de francs. Mais le sort des personnes qui travaillaient pour la banque aux deux voiles est encore très incertain. «Nous sommes très conscients que les semaines et mois à venir seront difficiles, particulièrement pour les employés. Nous allons faire notre maximum pour que cette période d’incertitude soit la plus courte possible», a assuré Colm Kelleher, président du conseil d’administration d’UBS lors de la conférence de presse annonçant l’opération dimanche soir.

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Il a toutefois affirmé qu’il était encore trop tôt pour donner plus de détails sur d’éventuelles suppressions de postes. UBS prévoit néanmoins déjà de réduire les activités de banque d’investissement de Credit Suisse. Si le Conseil fédéral a présenté une garantie de 9 milliards de francs pour couvrir les éventuelles pertes de l’acquéreur, ainsi qu'une ligne de crédit de 100 milliards pour les deux banques, la question des emplois a peu été évoquée.

Dès samedi soir, face aux difficultés de Credit Suisse et aux rumeurs de rachat, l’agence de presse Reuters évoquait la suppression possible de 10 000 emplois au sein de la banque citant une source anonyme. «Il est à craindre que le nombre d’emplois concernés au sein de Credit Suisse soit nettement plus élevé que ce qui avait été communiqué l’automne dernier lors de la réorientation stratégique de la banque», estimait pour sa part l’Association suisse des employés de banque (ASEB) dans un communiqué diffusé dimanche matin. Les craintes portent particulièrement sur les postes qui feraient doublon au sein des deux banques, particulièrement en Suisse, où elles étaient particulièrement en concurrence. 

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En octobre dernier, la banque avait déjà annoncé une diminution importante de ses effectifs. Son objectif à l’époque était de supprimer 9000 postes, dont environ 2000 en Suisse, en prenant en compte les départs naturels pour arriver à 43 000 équivalents plein-temps d’ici à 2025, contre 52 000 à la fin du troisième trimestre 2022. En fin d’année dernière, l’établissement bancaire en dénombrait 50 480, dont 16 700 environ en Suisse.

Demande de création d’une Task force

Face à cette éventualité, la faîtière a appelé à la création d’une task force dédiée aux emplois, rassemblant des représentants de Credit Suisse, de la commission du personnel de la banque et des associations d’employés, mais aussi des représentants du repreneur, d’autres banques et d’institutions publiques comme la BNS. «Ni les milliers de collaborateurs très engagés et efficaces de CS en Suisse, ni la collectivité ne doivent payer les erreurs de l’ancienne direction», affirme l’association.

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Pour l’ASEB, le plan social convenu entre Credit Suisse, la commission du personnel et la faîtière en 2016 pour couvrir les cas de suppression de postes doit servir de base aux discussions entre les acteurs concernés. Cependant pour l’organisation, la situation actuelle demande des mesures supplémentaires. Le plan négocié par les partenaires sociaux prévoit notamment une période de réorientation professionnelle allant jusqu’à douze mois, en fonction de leur âge, pour les employés licenciés, ainsi qu’un «départ à la retraite anticipée avec une cotisation individuelle à la caisse de pension dès l’âge de 58 ans». Reste à savoir ce qu’UBS fera de ce plan négocié avec l'ancienne direction de la banque.