Genève compte deux établissements bancaires de moins qu’il y a un an. Mais surtout 560 postes en moins – soit une diminution de 3% – dans un secteur financier qui représente toujours 17% de l’économie genevoise (en termes de PIB). Voilà donc les principaux enseignements d’un rapport présenté mardi lors de la conférence de presse annuelle de la Fondation Genève Place Financière.

Dans le détail, il y a désormais 119 banques établies dans le canton de Genève, ce qui représente 18 855 emplois. En septembre 2014, elles étaient 121 pour 19 415 emplois. Et même 141 en 2009 pour 20 105 emplois. Le recul de ces dernières années, et ce n’est une surprise pour personne, est principalement imputable aux banques étrangères. Celles-ci étaient encore 65 sur le sol genevois en 2009 contre 53 aujourd’hui. Quant au nombre de leurs collaborateurs, il est passé de 8332 à 7879 dans le même intervalle.

Un tiers des banques anticipent une baisse d'effectifs

La situation ne devrait d’ailleurs pas s’arranger. D’après une enquête conjoncturelle effectuée auprès des banques et des gérants indépendants genevois, et dont les résultats ont également été présentés mardi, un tiers des banques de grande (200 emplois et plus) et de moyenne taille (entre 50 et 199 emplois) s’attendent à voir leurs effectifs baisser de 3% à 7% cette année.

Les causes de cette consolidation sont connues de longue date: crise financière, fin du secret bancaire, hausse de la réglementation et des coûts et, par conséquent, érosion des marges. Quant aux effets de change, liés à l’abandon du taux plancher, il fait dire à 40% des grandes banques sondées – et à 53,8% des établissements de taille moyenne – que leur masse sous gestion diminuera de 3% à 7% cette année.

L’important ce n’est pas tant le nombre mais la diversité. Nous devons absolument maintenir cette diversité, que ce soit dans la gestion de fortune, la gestion d’actifs ou le négoce international, qui fait la force de la place genevoise.

Pourtant, Edouard Cuendet, directeur de la Fondation, ne s’inquiète pas outre mesure de ces chiffres. Même si le canton compte désormais 500 banquiers au chômage. Car selon lui, la consolidation ne rime pas forcément avec réduction des effectifs. L’emploi devrait d’ailleurs se stabiliser en 2016, a-t-il souligné. «L’important ce n’est pas tant le nombre mais la diversité. Nous devons absolument maintenir cette diversité, que ce soit dans la gestion de fortune, la gestion d’actifs ou le négoce international, qui fait la force de la place genevoise, a-t-il précisé. Même si l’on serait ravi que de nouvelles banques, pourquoi pas chinoises, viennent s’installer à Genève.»

L'importance du «cluster» local

Il a beaucoup été question lors de cette conférence du «cluster» genevois, qui regroupe à la fois la gestion de patrimoine, le négoce de matières premières et son financement, l’affrètement maritime et la surveillance ainsi qu’un tissu de sociétés multinationales. Et, surtout, de l’importance aujourd’hui de lui permettre de perdurer, si ce n’est de se développer.

Après s’être réjoui que Genève ait conservé sa 13e place au classement mondial des principales places financières (établi tous les six mois par Z/Yen Group), le président de la Fondation Nicolas Pictet s’est ainsi rapidement penché, lors de son discours, sur les défis qui attendent cette place, justement.

Le taux à 13%, «réforme vitale»

Outre les questions de libre-circulation (suite à la votation du 9 février 2014), de «swiss finish» et d’accès aux marchés étrangers (européens en particulier), il a été surtout question de la réforme de l’imposition des entreprises (RIE III) actuellement en discussion. Une réforme «vitale pour la place financière et ses activités de négoce», a souligné l’associé-gérant du groupe Pictet & Cie, qui en a profité pour rappeler que la fondation soutenait «fermement le Conseil d’État dans son engagement en faveur d’un taux d’imposition unique à 13% pour toutes les personnes morales».

Selon Nicolas Pictet, des conditions-cadres trop lourdes risqueraient en effet d’entraîner la délocalisation de certains établissements. Un avis partagé par Xavier Oberson, également présent mardi à la conférence. «Si vous avez un taux d’imposition de 24% à Genève et de 13,8% dans le canton de Vaud par exemple, des entreprises n’hésiteront pas à déménager», a souligné l’avocat, faisant allusion à la concurrence fiscale entre les cantons. Et de conclure: «Cette réforme est cruciale pour la Suisse et pour Genève en particulier. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de la rater.»