Publicité

Les hedge funds prêtent de plus en plus aux entreprises

Le boom des fonds mezzanine se poursuit, mais, les fonds alternatifs s'érigent en alternatives attrayantes. Ils représentent déjà 25% de ce type de financement en Europe.

Le boom de la finance mezzanine se poursuit, sous la poussée des fonds de capital-investissement (private equity et LBO). Mais les hedge funds convoitent une part grandissante de ce marché. C'est l'un des thèmes abordés lors du sommet paneuropéen sur la finance mezzanine qui a eu lieu à Paris du 26 au 28 avril.

Peu connue du grand public, la mezzanine est une catégorie de dette des entreprises, plus risquée que la dette bancaire et donc subordonnée à cette dernière, mais prioritaire par rapport au capital-actions ou aux fonds propres. L'abondance des capitaux qui continue de s'y investir s'explique par un rendement attrayant pour les investisseurs (voir graphique) et des taux de défaut historiquement bas: «Les provisions n'ont jamais été aussi basses, et notre groupe en a autant qu'en 1995, alors que sa taille est dix fois plus grande aujourd'hui», illustre François de Mitry, directeur chez Intermediate Capital Group. L'industrie de la mezzanine mue d'un marché sophistiqué vers un marché ouvert à un plus large public d'investisseurs en crédit.

Phénomène récent, les investisseurs tels que les «fonds mezzanine», mais aussi les hedge funds et les dérivés de crédits (CDO) montent en puissance face aux banques, constate Robin Doumar, directeur exécutif de Park Square Capital.

Alors qu'auparavant les banques dominaient le marché de la dette, l'arrivée de ces sources de financement prêtes à prendre plus de risques a changé la donne: «ces institutions non bancaires représentent désormais 40% du marché des prêts avec levier (i.e. financés par un prêt), contre moins de 5% en 1999», relève Robin Doumar.

Les hedge funds, qui ont contribué au fort développement du marché des prêts avec effet de levier, sont les plus redoutables concurrents des fonds mezzanine. La différence entre ces deux types d'investisseurs en explique la raison: alors que les fonds mezzanine sont des investisseurs à long terme, qui en outre opèrent un due diligence (audit) approfondi de la santé financière de l'entreprise cliente, les hedge funds, investisseurs à court terme, proposent un financement meilleur marché et ne posent pas trop de questions aux clients. «Les hedge funds ont changé les règles du jeu dans la finance mezzanine», assure Thomas Warnholz, partner chez Augusta & Co. Les fonds alternatifs représentent aujourd'hui 7% à 10% des sources de financement totales, contre 1% il y a un an. Face à eux, les banques aussi sont sous pression, incitées à baisser le loyer de l'argent. Autres atouts des hedge funds: «Ils savent structurer leurs propres transactions, assurer l'exécution, et savent mieux que quiconque gérer les risques», souligne Niels Lorijn, directeur chez CapitalSource Europe. Sans compter qu'ils usent plus de l'effet de levier que les fonds mezzanine.

Ceci dit, les hedge funds sont-ils capables d'engager des fonds à long terme? Le débat est ouvert. Pour Robin Doumar, «ils ont une mentalité opportuniste de trading, et la faiblesse de leur due diligence pose un risque». Niels Lorijn n'est pas de cet avis: «Les fonds alternatifs ne sont pas si bêtes. Un audit sérieux de leurs futurs débiteurs devient important pour eux aussi, car ils ne veulent pas être exclus du marché.» Preuve de l'intérêt des hedge funds, ils représentent déjà 25% des investissements mezzanine en Europe, «une part en hausse», souligne Niels Lorijn.

Le succès des hedge funds annonce-t-il la fin des fonds mezzanine? Ces derniers devront changer leur façon de financer les transactions et devenir plus concurrentiels sur le coût du capital, conviennent les participants. Quant à eux, les hedge funds mettront du temps à bâtir leur succès en Europe, car ils sont freinés par les 25 différents systèmes légaux. «Il est coûteux d'être représenté à haut niveau dans les 6 plus grands pays de l'UE», souligne François de Mitry. Dernier écueil: les hedge funds, perçus comme orientés à court terme, paraissent moins fiables que les fonds mezzanine. Le défi des fonds alternatifs sera de se faire accepter par les banques, toujours réticentes à les inclure à leurs côtés dans les syndicats de créanciers.