Jacques Marie Jean Mirabaud: la fortune en dansant
Devenu banquier à Milan au début du XIXe siècle, le Genevois a su tirer parti de l’agitation politique qui sévit en Europe, en se ménageant un accès au pouvoir politique dont dépendent les grandes décisions financières
Cette semaine, «Le Temps» plonge dans l'histoire genevoise pour remonter aux source de sa tradition bancaire privée.
Episode précédent: Guillaume Pictet, l’homme de devoir
En juin 1801, Jacques Marie Jean Mirabaud part chercher fortune à Milan. Le jeune homme de 17 ans va y devenir demi-commis à l’essai à la banque Labaume & Cie, qui cherche un Genevois. D’abord uniquement logé et nourri, l’apprenti banquier se dit «aussi heureux qu’un poisson dans la friture» face à l’accueil glacial de son nouveau patron, dans la capitale lombarde. Nostalgique de Genève, Jacques Marie Jean tient le coup en se remémorant qu’il est là parce qu’il l’a voulu, qu’il doit «avaler la pilule en douceur et chercher à [se] rendre utile».
Jacques Marie Jean Mirabaud l’a voulu, car il recherche plus que tout l’atmosphère de transaction et d’action, l’effervescence qui régnaient dans le commerce que son père Jacques tenait à Genève, jusqu’à son décès en 1793. Par la suite, l’enfant, puis l’adolescent, est obsédé par l’idée qu’il réussirait dans les affaires, affirme Isabelle Chancelier dans Messieurs Mirabaud et Cie: D’Aigues-Vives à Paris, via Genève et Milan. Réfractaire aux études et indépendant, il voit son destin basculer en 1806.