Julius Baer enregistre un bénéfice record
Gestion de fortune
La banque a engrangé 606 millions de francs de profit net. Son programme d’économies lui a permis de réduire les coûts à un niveau qu’elle n’avait plus vu depuis quinze ans

En six mois, Julius Baer a presque engrangé le même bénéfice que sur tout l’exercice 2020. Avec une hausse de 23%, son profit net a atteint 606 millions de francs (700 millions l’an dernier), a annoncé la banque zurichoise dans un communiqué jeudi matin. Comme UBS la veille, ces résultats sont supérieurs aux attentes des analystes, qui tablaient sur un bénéfice de 587 millions, selon l’agence AWP.
Lire aussi: UBS bat les attentes avec un bénéfice de 2 milliards
La banque spécialisée dans la gestion de fortune a également vu sa masse sous gestion grimper de 12% à 486 millions, grâce à une arrivée net de capitaux de 10 milliards, un franc plus faible et des marchés financiers porteurs. Là aussi, les attentes des analystes n’étaient pas aussi élevées. Le produit d’exploitation atteint près de 2 milliards (+8%), grâce à des commissions et frais eux aussi à des plus hauts, signe, entre autres, que les clients se sont montrés plus actifs sur les marchés.
Croissance «durable»
Dans ce résultat, «les marchés favorables ont joué un rôle, admet Philipp Rickenbacher, directeur général de la banque, au Temps, comme pour toutes les banques, mais c’est aussi le reflet de notre transformation en cours. Cela se verra donc encore davantage au cours des semestres à venir, surtout si les marchés sont moins accommodants.» Ces dix-huit derniers mois, l’établissement zurichois a revu la façon dont il génère des revenus, notamment avec une gamme de produits plus large, un modèle de prix et de rémunération plus sophistiqués qui mettent davantage l’accent sur la rentabilité.
Ce bénéfice a par ailleurs permis à Julius Baer de renforcer son assise financière. L’établissement compte un ratio de fonds propres durs de 13%. La banque annonce également avoir réalisé près d’un tiers de son programme de rachat d’actions, initié en mars dernier (146 millions sur 450). Il prendra fin en février prochain.
Coûts en baisse
Les effectifs, eux, ont évolué. A fin juin, la banque comptait 6667 équivalents plein temps, soit 63 de moins qu’il y a une année. Par rapport à fin 2020, ce chiffre est néanmoins en hausse de 60, en raison de l’internalisation de certains services externes. Cela fait partie du programme d’économies en cours. Ces changements occultent donc une importante réduction du nombre de gestionnaires de clients qui sont désormais 1341 (-115 par rapport à juin 2020 et -35 par rapport à fin 2020).
Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, est moins impressionné par le bénéfice, qu’il attendait plus élevé, contrairement au consensus, que par la maîtrise des coûts. Il souligne que la banque atteint désormais son meilleur ratio coûts/revenus «au moins depuis la crise financière» à 61,2%. Par comparaison, ceux publiés par UBS hier étaient en légère baisse, à 71,8%. Le programme de réduction des coûts est presque arrivé à son terme, poursuit Philipp Rickenbacher. Tout en prévenant: «La discipline dans ce domaine est importante. Il faut toujours examiner ce que l’on fait.»
L’action Julius Baer a ouvert en baisse de 0,9%. Grâce à ces résultats «convaincants», elle pourrait néanmoins rebondir à court terme, estime de son côté Michael Kunz, analyste à la Banque cantonale de Zurich, notamment grâce à la maîtrise des coûts qui l’a lui aussi impressionné. D’autant qu’elle a été à la traîne ces dernières semaines. Mais à moyen terme, l’expert estime que le titre ne croitra pas plus vite que le marché, cet effet coût allant s’estomper.