La consolidation en cours sur la place financière suisse ne concerne pas les seules banques. Mardi, Julius Baer a ainsi annoncé l’achat du gestionnaire de fortune genevois Fransad Gestion. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé. Seuls les actifs sous gestion de la société rachetée (1,3 milliard de francs) et son nombre d’employés (19) ont été communiqués.
Dans un premier temps, le gérant indépendant basé à Genève continuera d’opérer sous la marque existante, souligne un communiqué de Julius Baer. Les fondateurs resteront au sein du conseil d’administration tandis que l’équipe dirigeante continuera d’officier comme à son habitude. «Les avantages potentiels d’une intégration plus poussée seront évalués ultérieurement», précise la banque privée zurichoise.

Julius Baer, qui affichait fin juin 284 milliards de francs sous gestion, n’en est pas à son coup d’essai. En 2012, l’établissement zurichois a mis la main sur les activités de banque privée de Merrill Lynch (hors Etats-Unis). Deux ans plus tard, il a racheté celles de la banque Leumi. Cette fois, il s’attaque aux gérants indépendants et en profite, au passage, pour élargir «sa couverture géographique à la Suisse romande».

Tendance ou exception?

Fransad Gestion a été fondé en 2010 par René de Picciotto et Philippe Setton, deux banquiers qui avaient déjà créé la Compagnie Bancaire Genève avant d’en céder la majorité à Société Générale Private Banking en 2003.

Pourquoi ont-ils décidé de vendre aujourd’hui? Contactée, la directrice de Fransad Gestion, Alessandra de Picciotto-Ertan, souligne d’entrée que «sa société n’était pas à vendre, mais qu’elle a été approchée par Julius Baer». Etant donné l’environnment incertain et les marges qui se réduisent, le gérant genevois a estimé que c’était le moment opportun pour passer sous l’aile de la troisième banque du pays et de profiter de son infrastructure (compliance, gestion des risques, etc.).

Alors faut-il s’attendre à voir les acquisitions de gérants indépendants – dont un bon tiers des 3000 que compte la Suisse est à Genève – se multiplier? Patrick Dorner, directeur de l’association faîtière, ne le croit pas. Selon lui, c’est d’autant plus improbable que «les gérants qui peuvent intéresser les banques, soit ceux qui ont au moins 500 millions sous gestion, ne représentent que 10% du marché. Et qu’ils sont très difficiles à identifier, même pour les banques dépositaires.»

Patrick Dorner ne croit pas non plus à une masse critique en dessous de laquelle les indépendants ne pourraient plus survivre. «Les plus grands gérants ne sont pas forcément les plus rentables», explique-t-il, avant de citer en exemple un gérant qui aurait 50 millions sous gestion et deux clients contre un autre qui aurait 100 millions sous gestion mais 100 clients. «Parler de masse critique est à mon avis dangereux», conclut-il.