A Jurong, un méga-complexe d’Evergrande aux airs de ville fantôme
Le promoteur immobilier Evergrande, au bord de la faillite, a conquis le marché chinois en multipliant les projets géants à grand renfort de dette. Aujourd’hui, la plupart sont à l’arrêt, faute de fonds. Reportage à Jurong, ville-district de la province du Jiangsu
Gan Jinxin, un fin jeune homme de 29 ans, sort du centre d’exposition d’Evergrande, une entrée de verre entourée de fausses maisons à colombages tout droit sorties d’un dessin animé. Un dossier sous le bras, il vient de terminer les démarches pour enregistrer son contrat de propriété auprès du Bureau de la propriété, qui a son propre guichet dans la gigantesque salle de ventes d’Evergrande, à l’entrée de ce qui doit devenir un parc d’attractions.
«Vu la situation de l’entreprise, c’est important de faire cette démarche: pour l’instant, seule l’entreprise sait que l’appartement m’appartient, mais en cas de faillite…» Gan Jinxin a acheté son appartement sur plan deux ans plus tôt pour 1,2 million de yuans (environ 172 000 francs), soit 10 000 yuans le m2, dans ce complexe d’Evergrande à Jurong, une petite ville située à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Nankin, dans la province du Jiangsu. «Aujourd’hui, ils bradent certains appartements à 6000 yuans le m², soupire le jeune homme, dépité. Heureusement que j’ai un appartement à Nankin qui a pris de la valeur.» A l’intérieur de la vaste salle, les agents immobiliers d’Evergrande s’ennuient. «Même à ce prix-là, personne ne veut acheter», se désole une jeune vendeuse en tailleur bleu.