La justice enquête sur le rachat de Credit Suisse par UBS
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Le Ministère public s’intéresse aux circonstances dans lesquelles s’est déroulé le rachat de Credit Suisse par UBS. L’enquête porte notamment sur les informations sensibles issues des négociations qui ont été divulguées à la presse
Au vu de l’importance des événements, le Ministère public de la Confédération (MPC) veut assumer «de manière proactive sa mission et sa responsabilité de contribuer à une place financière suisse propre», a-t-il indiqué dimanche à Keystone-ATS, confirmant une information de la NZZ am Sonntag et du Financial Times. Le MPC a mis en place un système de surveillance afin de pouvoir agir immédiatement en cas de faits relevant de son domaine de responsabilité.
Le parquet fédéral a procédé à une évaluation de la situation et contacté les autorités nationales et cantonales. Il a également donné des mandats d’enquête. Le MPC tient à avoir une vue d’ensemble des nombreux aspects des événements liés à Credit Suisse, notamment ceux décrits dans les médias. Différents services internes et externes ont ainsi été mandatés ou contactés dans le but de procéder à des clarifications et de rassembler des informations.
Par exemple, peu avant la conférence de presse du Conseil fédéral du dimanche 19 mars, des médias internationaux avaient déjà fait état de mesures d’urgence prises par les autorités pour sauver Credit Suisse et d’offres d’achat d’UBS, se référant à des sources de confiance. Jusqu’au début de la conférence, les médias helvétiques ne pouvaient, eux, que citer leurs homologues internationaux.
«Il s’agit d’analyser et d’identifier toute infraction pénale qui pourrait relever de la compétence» du parquet, précise le courriel du MPC. Selon le Financial Times, il est probable que le parquet cherche à interroger des responsables clés impliqués dans la prise de contrôle de Credit Suisse par UBS. Le Ministère public n’a pas précisé s’il recherchait des infractions commises par des fonctionnaires, des dirigeants des deux banques ou des journalistes qui ont rendu compte des négociations à huis clos.
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Plus de 30 000 emplois menacés
Deux semaines après l’annonce du rachat en urgence de Credit Suisse, la presse dominicale alémanique a consacré encore de longues pages à l’avenir de la future UBS. Les contours de la nouvelle méga-banque restent flous. Pour que la reprise du Credit Suisse soit rentable pour les actionnaires d’UBS malgré tous les risques, d’énormes synergies doivent être trouvées. Entre 20 et 30% des postes de la nouvelle entité devraient être supprimés, soit entre 25 000 et 36 000 emplois dans le monde, selon la SonntagsZeitung, qui cite un haut responsable d’UBS.
Pour rappel, avant le rachat en urgence par UBS, Credit Suisse prévoyait de supprimer 9000 postes d’ici à 2025 dans le cadre de son plan de redressement. A l’heure actuelle, UBS compte 74 000 collaborateurs dans le monde, tandis que Credit Suisse emploie environ 50 000 personnes. En Suisse, UBS emploie 21 000 personnes et Credit Suisse 16 000. Entre 7400 et 11 100 d’entre elles devraient perdre leur poste, selon l’hebdomadaire alémanique.
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La marque Credit Suisse devrait exister encore trois ou quatre ans avant de disparaître, écrit pour sa part le SonntagsBlick. La séparation des activités helvétiques de Credit Suisse est sur la table, bien qu’UBS ne considère pas cette variante comme attrayante, selon le journal dominical. Ce n’est qu’après la reprise définitive, dans huit semaines, qu’UBS aura accès à toutes les informations et pourra décider de ce qui part et de ce qui reste, indique la SonntagsZeitung.
Les actionnaires de Credit Suisse, qui ne toucheront que 76 centimes par action, doivent se retrouver mardi à Zurich pour l’assemblée générale de la banque. Ceux d’UBS ont rendez-vous le lendemain à Bâle. Leur fusion se fait sans l’aval de leurs actionnaires respectifs, le Conseil fédéral ayant eu recours au droit d’urgence pour faciliter la reprise.
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