Les marchés ont salué l’accord entre l’Argentine et le Fonds monétaire international (FMI) signé jeudi soir. Il s’agit d’un prêt de 50 milliards de dollars sur une période de trois ans. En contrepartie, le pays s’est engagé à rééquilibrer les comptes de l’Etat, ce qui implique des coupes dans les dépenses publiques.

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«La décision de faire appel au FMI était nécessaire mais aussi courageuse du fait que cette institution n’est pas très populaire auprès des Argentins», commente Luc D’hooge, chef des marchés émergents à la banque Vontobel à Genève. Selon lui, l’Argentine est en bonne voie pour son redressement économique. «Pour preuve, dit-il, l’agence de notation Standard & Poor’s a relevé à deux reprises la note en 2017. Des réformes fiscales sont en cours, les barrières aux exportations ont été démantelées et les investissements publics sont en hausse.»

Une inflation de 20% en 2018

Selon le ministre des Finances argentin Nicolas Dujovne, cette aide permettra à l’économie de renforcer ses réserves, stabiliser le marché des changes et créer un meilleur climat pour attirer les investissements. L’inflation dépassera 20% en 2018. L’objectif du gouvernement est de la ramener à 17% en 2019, 13% en 2020 et 9% en 2021. Pour Buenos Aires, l’accord avec le FMI s’imposait aussi à la lumière de la crise du peso, la monnaie argentine, qui s’est déprécié de 20% en avril-mai derniers.

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Mais pour Eric Toussaint, historien belge, spécialiste de la dette du tiers-monde et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, l’Argentine «reprend le mauvais chemin emprunté lorsqu’elle était lourdement endettée et mise en situation de faillite en 2001». Le gouvernement avait alors frappé à la porte du FMI, demandant une aide en échange d’un programme d’austérité, provoquant une grande colère populaire.

«Les 50 milliards de dollars ne serviront qu’à rembourser les créanciers et à enfoncer encore un peu plus le pays dans la spirale de l’endettement, explique Eric Toussaint. Une nouvelle fois, la population, plus particulièrement les couches les plus défavorisées, paiera le prix fort.»