L’augmentation de capital de Credit Suisse convainc les marchés
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Il n’y aura pas de mise en bourse partielle de l’entité suisse de la banque. A la place, elle prévoit de lever 4 milliards. Une solution jugée préférable pour les actionnaires

Ce serait la meilleure solution pour les investisseurs. Après des mois de suspense, Credit Suisse a annoncé mercredi matin sa décision de renoncer à l'introduction en bourse partielle de son entité suisse. A la place, la deuxième banque suisse prévoit une augmentation de capital, qui devrait permettre de lever 4 milliards de francs et, ainsi, consolider les fonds propres de l’établissement.
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A voir la réaction de la bourse, les marchés apprécient. A l’ouverture, l’action de Credit Suisse bondissait de 2,5%. A la mi-journée, le cours affichait toujours une hausse de 2,2% à 15,64 francs. Une progression a priori paradoxale puisque le nombre de nouvelles actions créées provoquera une dilution des actions, précisément de 18%, calcule Loïc Bhend, analyste spécialisé dans le secteur bancaire chez Bordier.
«Bonne idée»
«Cette décision était de plus en plus attendue, avec une levée de fonds imaginée dans une fourchette de 3 à 5 milliards», explique l’expert de la banque genevoise. Pour lui, «c’est plutôt une bonne idée à plus long terme. Cela implique qu’ils gardent cette activité dont le rendement sur les fonds propres est élevé.» Cet aspect avait commencé à provoquer des désaccords au sein même de Credit Suisse et parmi ses plus grands actionnaires, certains estimant néfaste de se débarrasser de l’entité la plus rémunératrice du groupe.
«Nous croyons que de continuer de posséder entièrement à l’avenir une banque suisse de valeur est le chemin» qui portera le plus de fruits pour les actionnaires, a déclaré Urs Rohner, président du conseil d’administration, dans le communiqué. Dans une conférence téléphonique, Tidjane Thiam, directeur général, a expliqué que cette option serait «plus efficace, moins chère et provoquerait moins de dilution pour les actionnaires». Il a ajouté que Credit Suisse n’avait pas fondamentalement changé sa stratégie. «Nous avons toujours dit vouloir lever entre 9 et 11 milliards, la question du comment, pour cette dernière étape, restait ouverte.»
Why is @CreditSuisse planning a $4 billion rights offering? CEO Tidjane Thiam explains https://t.co/VgN6lV4vNC pic.twitter.com/IwZLkUYGYl
— Bloomberg (@business) 26 avril 2017
Focus sur la croissance
Le sujet ne sera pas abordé vendredi lors de l’assemblée générale ordinaire, mais le 18 mai lors d’une assemblée générale extraordinaire. Les souscriptions pourront commencer le 23 mai et les montants devraient être levés d’ici au 8 juin. Quelque 380 millions de nouvelles actions seront mises sur les marchés à un prix d'émission de 10,80 francs, donc en dessous du cours actuel de l'action. Ce sont les actionnaires actuels qui peuvent y souscrire, l'idée étant ainsi de limiter la dilution qu'ils subissent avec une augmentation de capital. Credit Suisse espère renforcer le ratio de fonds propres durs à 13,4%, contre 11,7% à fin mars.
Pour Morgan Stanley, cette issue était prévisible. «Elle permettra désormais à Credit Suisse de se concentrer sur ses objectifs de croissance», se réjouissent les analystes dans une note. Ces derniers ont une perspective positive sur le titre.
Les bonus en baisse? «Un geste»
Interrogé sur la polémique qui s’est enflammée sur la distribution des bonus, Tidjane Thiam a dit comprendre les préoccupations et expliqué avoir voulu «faire un geste pour les apaiser, sans avoir subi de pression de quiconque». Sur les rumeurs qu’il donnerait sa démission en cas de refus des bonus, le responsable n’a pas commenté. Les porte-parole de la banque avaient déjà réfuté ces spéculations, parues dans le Financial Times mardi.
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Retour au bénéfice au premier trimestre
«Je n’aurais pas pu souhaiter un meilleur trimestre», a déclaré Tidjane Thiam, présentant les résultats pour les trois premiers mois de l’année mercredi matin. Ils sont en effet meilleurs que ce qu’attendaient les analystes. En termes de chiffres, ce «solide démarrage» se traduit par un bénéfice avant impôts de 670 millions de francs. L’an dernier à la même période, Credit Suisse perdait près d’un demi-milliard. Le bénéfice net atteint 596 millions, contre une perte nette de 302 millions l’an dernier.
La performance du premier trimestre vient en grande partie de l’entité suisse, qui a produit un bénéfice avant impôts ajusté de 483 millions, en hausse de 2% sur un an. Il s’agit de son cinquième trimestre consécutif de hausse.
Afflux de fonds
Credit Suisse s’est également félicité de l’afflux net de fonds qui continue. Au premier trimestre, il s’est élevé à 24,4 milliards, contre des retraits de 6,7 milliards au premier trimestre 2016. La masse sous gestion atteint désormais 1304,2 milliards de francs.
La banque d’investissement, comme la gestion fortune, ont aussi enregistré des résultats positifs. Pour l’ensemble de 2017, Credit Suisse confirme son objectif de réduction des coûts à 18,5 milliards de francs. Lors de la conférence téléphonique, Tidjane Thiam a expliqué que les enjeux les plus pressants sont désormais sous contrôle ou proches de l’être (renforcement du capital, baisse des coûts, etc.) mais «l’effort d’amélioration ne s’arrêtera jamais».