Plan de soutien
Le ministère italien de l'Economie et des Finances a annoncé lundi soir la création d'un fonds d'un montant de cinq milliards d'euros pour soutenir les banques du pays. Objectif: leur permettre de se recapitaliser et de se débarrasser de leurs créances douteuses

Permettre aux banques italiennes de retrouver la confiance des investisseurs. Voilà la mission que s’est fixée le gouvernement de Matteo Renzi.
Le ministère italien de l'Economie et des Finances a annoncé lundi soir la création d'un fonds d'un montant de cinq milliards d'euros, «qui garantira les recapitalisations des banques» du pays ainsi que "l'acquisition de créances douteuses", selon des informations de l'agence économique Radiocor.
Selon la banque d'Italie, le montant total des créances douteuses des banques italiennes s'élève à quelque 200 milliards d'euros.
L'une des premières actions de cette nouvelle structure sera d'intervenir dans la recapitalisation de la Banca Popolare di Vicenza, d'une valeur de 1,75 milliard, qui doit être lancée la semaine prochaine, en attendant celle de Veneto Banca, en juin, selon Radiocor.
Cette annonce a été faite à l'issue d'une réunion tenue en fin d'après-midi au ministère des Finances à Rome, en présence des principales institutions financières et fondations bancaires.
Le gouvernement italien avait déjà signé un accord allant dans ce sens avec la Commission européenne à la fin janvier. Il s’était engagé à aider les banques italiennes en leur permettant de céder leurs créances douteuses en y apposant une garantie d’État. «L’Italie doit résoudre en 2016, et une bonne fois pour toutes, son problème bancaire», avait alors souligné Matteo Renzi. Le fonds devrait toutefois être détenu en majorité par des investisseurs privés, dont les grandes banques et des fonds de pension, afin de ne pas contrevenir aux règles européennes en la matière.
Le problème bancaire de l’Italie ne date pas d’hier. Lors du «test de résistance» réalisé par la Banque centrale européenne fin 2014, 9 des 25 établissements identifiés comme étant sous-capitalisés étaient italiens. «Les banques de la péninsule sont pratiquement les seules en Europe à ne pas avoir procédé à une augmentation de capital suite à la crise financière de 2008, rappelle Fabrizio Quirighetti, responsable des investissements chez Syz Asset Management. Le problème c’est qu’avec la crise de l’euro, en 2012-2013, elles se sont retrouvées à la fois avec peu de capital mais également avec de nombreuses créances douteuses dans leurs bilans.»
Réactions positives des investisseurs
Ces créances s’élèvent désormais à 360 milliards d’euros, selon la Banque d’Italie. Dont 196 milliards appartiennent à des emprunteurs insolvables. En novembre dernier, la crise a pris un nouveau tournant avec la faillite de quatre petites banques et le suicide d’un épargnant. «De nombreux Italiens ont non seulement placé leur argent dans des établissements aujourd’hui en délicatesse, si ce n’est en était de faillite, mais ils ont aussi acheté des obligations et des actions de ces mêmes banques, souligne Fabrizio Quirighetti. Si bien qu’ils sont totalement liés à la santé financière de leur établissement bancaire.»
Depuis le début de l’année, le secteur bancaire italien a perdu un tiers de sa valeur en bourse. Lundi, avec l’imminence d’un accord, il a toutefois profité d’un important rebond. A Milan, Montei dei Paschi di Siena a notamment gagné 9,25% et Banco popolare 10,81% dans un marché en hausse de 1,36%. Le premier test grandeur nature du fonds de soutien sera toutefois l’augmentation du capital de Banca Popolare di Venceza, entre 1,5 à 1,8 milliard d’euros selon Bloomberg, qui devrait être bouclée d’ici au 10 mai.
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