Ce rapport sans concession avertit en outre de l’adaptation incomplète au maillage de règles strictes imposées depuis le 20 juindernier à toutes les agences enregistrées en Europe – les trois grandes contrôlant les neuf dixièmes de l’activité, mais aussi les francs-tireurs comme la chinoise Dagong. Hier, un porte-parole de la première d’entre elles, Standard & Poor’s, refusait de commenter cette enquête, se bornant à faire suivre un communiqué assurant que la société «améliorait constamment ses analyses et ses pratiques pour répondre aux plus hauts standards».
L’entrée en vigueur des dernières règles coercitives, il y a six mois, serait pourtant à l’origine des réévaluations en rafales de la solvabilité des pays européens des dernières semaines. A en croire un spécialiste de la banque HSBC interrogé hier par l’agence Bloomberg, l’encadrement strict des dates d’annonce des changements de notation des pays européens à partir de 2014 expliquerait ainsi les réajustements profitant au Portugal, à Chypre, à l’Espagne ou à la Grèce depuis un mois. Mais également l’exclusion des Pays-Bas du club des pays dits «triple A» – ceux à qui prêter ne présente aucun risque – par Standard & Poor’s. Interrogée, cette agence refusait hier de commenter le rôle du contexte réglementaire dans sa décision.
«De tels ajustements paraissent logiques, car, par la suite, les agences ne pourront rendre leur verdict sur les pays européens que trois fois par an, à des dates fixées à l’avance – par exemple le 1er mars, le 1er juillet et le 1er novembre», explique Norbert Gaillard, spécialiste de la question. «Dans le cas des récents abaissements de notes, ces ajustements laissent supposer que les agences veulent devancer tout événement défavorable survenant début 2014», poursuit cet économiste, qui a conseillé le rapporteur du texte au Parlement européen.
Avec cette règle, «le législateur voulait avoir prise sur ces annonces, mais la solution n’est pas parfaite», admet l’auteur d’un livre sur ces agences de notation paru à La Découverte en 2010. Ce dernier n’exclut en effet pas une agitation spéculative avant les dates d’annonce des notes. Mais aussi des décalages entre la note en vigueur et la situation effective du pays, en cas de choc économique entre-temps.
La récente perte de la note «AAA» des Pays-Bas figurerait parmi les ajustements liés aux nouvelles règles