En fin de semaine, le SMI changera (un peu) de visage. L’indice des 20 plus importantes capitalisations de la bourse suisse verra cette semaine le départ d’Actelion. Racheté par Johnson & Johnson, la biotech bâloise sera sortie de la bourse ces prochains jours et remplacée dans l’indice par Lonza, comme l’a annoncé Six Group, l’opérateur de la bourse suisse, la semaine dernière.

Ce n’est pas le seul changement qui attend le SMI. Dans les semaines qui suivront, les investisseurs s’attendent à un autre remplacement, celui de Syngenta, racheté par ChemChina, par un titre qui reste pour l’instant inconnu. «Il pourrait s’agir de Sika ou de Partners Group», estime Nicolas Bürki, analyste et gérant d’un fonds en actions suisses chez Mirabaud Asset Management. Le doute subsiste parce que «la sélection ne se fait pas uniquement en fonction de la taille du groupe – sa capitalisation – mais aussi en fonction de l’importance des échanges – les volumes – de titres de ce groupe», précise-t-il. Les deux facteurs sont d’une importance égale dans le calcul de ce qui donne la part de marché d’un titre.

Transocean remplacé par Swiss Life

En principe, la composition de l’indice est revue chaque année au mois de juillet. Cette fois, cela ne pourra pas attendre. Le même événement a eu lieu l’an dernier, en mars, lorsque Transocean, décoté, a été remplacé par Swiss Life.

Difficile de savoir si cela dopera les titres des nouveaux admis dans le cercle des valeurs vedette. Mardi dernier, lors de l’annonce du changement, le titre de Lonza a bondi de 3%. Mais le groupe publiait en parallèle des résultats positifs. «En théorie, c’est un avantage, mais en pratique, cela dépend d’autres facteurs», explique Tobias Kistler, analyste à la Banque cantonale de Saint-Gall.

Une pression à la hausse sur le prix

«L’an dernier, Swiss Life a sous-performé», ajoute Nicolas Bürki. Or, ce n’était pas pour des raisons propres à la société puisque ses résultats étaient bons, selon l’analyste. «Cela peut s’expliquer par le fait qu’il y aurait eu moins d’acheteurs dans le SMI que dans le SPI Extra, l’indice des actions des moyennes et petites capitalisations dont elle faisait partie jusque-là», imagine-t-il.

Ce qui est sûr, c’est que les fournisseurs de véhicules de placement passifs, qui répliquent le SMI, devront appliquer le changement (s’il s’agit de produits physiques), ce qui implique des achats, et donc, potentiellement, une pression à la hausse sur le prix. Une pression toutefois difficile à évaluer, dans la mesure où les montants investis dans ces fonds ne sont pas forcément connus.

Des opportunités qui disparaissent

«Syngenta a eu une histoire tourmentée, donc le rachat arrange tout le monde à court terme, mais à long terme, c’était l’une des belles perspectives d’investissement en Suisse. Ce dernier point est vrai pour Actelion aussi», ajoute Nicolas Bürki. Il soulève ainsi un autre point, la disparition de titres intéressants pour les investisseurs, qui va au-delà du cas de ces entreprises. «C’est un signe de succès pour l’économie suisse, qui voit ses fleurons attirer des entreprises étrangères, mais si les meilleures sortent de la bourse, il faut des nouvelles entrées en bourse pour renouveler les opportunités», souligne le gérant. Qui ne sont pas pléthoriques en ce moment.

Avec ces changements, le SMI perdra légèrement en taille, car ces deux actions seront remplacées par des titres à la capitalisation moins importante, précise Tobias Kistler. A la fin de 2016, Actelion pesait 2,37% dans le SMI, tandis que Syngenta en représentait 3,72%.

Indice défensif

Par comparaison, le poids lourd de l’indice, Nestlé, compte pour 22,7% du total. Le géant de l’alimentaire est suivi par Novartis (19,5%) et Roche (16,3%). Ce sont les seuls titres à dépasser les 15% et ils donnent un caractère dit «défensif» à l’indice dans la mesure où ils ont tendance à mieux résister pendant les périodes économiques difficiles. C’est d’autant plus le cas que l’écart avec les suivants est large, puisque UBS, quatrième, ne représente plus que 5,8% du SMI.

Cette répartition a été différente dans le passé. En 2007, lorsque l’opérateur de la bourse suisse lance le SMI à 20 titres, les deux grandes banques, UBS et Credit Suisse, représentaient 16,7% de l’indice. Un poids divisé par deux sous l’effet de la crise financière.